A la Galerie Marian Goodman, rue du Temple, à Paris, se tient une exposition de Christian Bolanski, jusqu’au 13 mars.
Au rez-de-chaussée, quelques chariots métalliques à roulettes vous accueillent, remplis de gros tas de tissu blanc froissé. Des masses de draps blancs qui gonflent et débordent, évoquant vaguement des corps couchés ou assis. Au-dessus, tombant du plafond, quelques néons diffusent une lumière horriblement blanche et froide.
Pas de doute, le visiteur est immédiatement plongé dans un univers de maladie, de souffrance et de mort, doublé d’une angoissante impression de saturation, d’engorgement…
Est-ce que nous sommes à ce point obsédés par la situation sanitaire actuelle…? Ou est-ce que l’artiste a bien réussi son coup? L’œuvre d’art suggère au premier regard cette sensation d’être dans un hôpital submergé par des malades gravement atteints, dans une file d’attente aux urgences…
L’artiste dit qu’il ne souhaite pas forcément que nous « comprenions », mais que nous « ressentions que quelque chose a eu lieu ». C’est exactement cela. Mission essentielle de l’art!
C. Boltanski aurait réalisé ce travail au cours du premier confinement, au printemps 2020. Je le crois. (Même si des œuvres plus anciennes qui se nommaient « Les Linges » existent et se rapprochent de cette idée-là).
Le malaise du visiteur s’accroît quand il réalise que des visages d’enfants apparaissent par moments, en de très fugaces visions, sur les murs de la salle. Des projections qui ne durent qu’un dixième de seconde… Fantomatique… Toujours ces disparus qui hantent nos esprits… Boltanski fidèle à lui-même!
Au sous-sol, des vidéos projetées sur de grands rideaux, montrent des images de bonheur facile, fabriqué, un peu faux… genre clichés. Mais s’y intercalent des images d’évènements violents ou douloureux. Et sont posés là, aussi, des sortes de vitrines sur pied, bourrées de tissu froissé (comme on a vu là-haut). Évocation de cercueils…
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