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Que leur reste-t-il à faire ?

Publié le 29 janvier 2021 par Anargala
Que leur reste-t-il à faire ?
śāntakallolaśītācchasvādubhaktisudhāmbudhau |
alaukikarasāsvāde susthaiḥ ko nāma gaṇyate || 21 ||
"A leur aise en la délectation
d'une saveur qui n'est pas de ce monde,
en l'océan du nectar de l'amour,
délicieux, limpide, frais,
toutes tempêtes apaisées,
en vérité, que leur reste-t-il à faire ?"
Utpala Déva, Hymnes à Shiva, I, 21Tes amoureux, explique Kshéma Râdja, sont "apaisés", guéris des tempêtes de l'attentions qui exclut, qui divise. Pour eux, l'attention joue encore, sans quoi la vie en ce monde serait impossible. Mais l'énergie d'exclusion, de concentration, sculpte pour eux sans oublier son propre fond d'universelle conscience. Le détail captive, mais non plus au point d'engendrer l'illusion de la séparation. Comment-sont ils guéris de la fièvre du doute ? En s'immergeant dans la mer de ton amour. Ils y goûtent une joie qui n'est pas de ce monde. Pourtant, il n'y a qu'une seule réalité, l'existence infinie (mahâ-sattâ) qui infuse tout, jusqu'aux illusions de tous les mondes. Mais quand je vois cela, remué jusqu'au tréfond, alors ce monde n'est plus ce monde. Il devient, comme dit Kshéma dans le commentaire au verset précédent, une joie qui est "le miracle de la félicité qu'est ce monde" (jagad-ānanda-camatkāra). Il n'y a plus dualité entre ce monde et la joie, entre l'objet et le sujet, entre le fini et l'infini, entre les vagues et la mer. Tout est là pourtant, clair et net ; mais englouti dans l'ambroisie de l'émerveillement, du miracle d'être.Cet océan est "frais" car il est délivré de la fièvre du samsâra avec ses machinations absurdes. Il est "limpide", car il est le fond dans lequel se reflètent toutes choses, l'univers. Il est "délicieux" car il est l'épanouissement de la félicité. Ainsi, la félicité ne se déploie pas malgré le monde : bien plutôt, le monde est expansion, explosion de félicité, le monde est le bâillement divin. Telle est la pratique de la non-dualité, qui ne sépare pas la théorie de la pratique. Cette "joie qui n'est pas de ce monde" est le miracle, l'émerveillement savoureux d'être envahi par l'être divin. Tes amoureux sont donc "à l'aise", nulle séparation ne les angoisse, ils ne s'en soucient nullement. Il ne leur reste rien à faire. N'avoir cure de rien, tout laisser au Tout : telle est la sécurité. 

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