Ce n’était pas cela mon métier peut-être ?
Perdre du temps, voilà mon métier
et le plus beau c’est bien de perdre ce qu’on n’a pas.
J’ai perdu du temps que certes je n’avais pas
mais en perdant je prends, mieux, je reçois,
luxe suprême, mon immortalité.
Je ne veux rien d’autre au vrai qu’être immortelle
Ici sur cette terre je veux être immortelle.
Suspendue au cœur du temps, qui ne serait plus mien,
être dans mon être, exposée et comme finie déjà,
animale renfermée et qui jamais ne renaît,
en jouant sur les mots, je suis le commencement.
*
Non era forse questo il mio mestiere ?
Perdere tempo, questo è il mio mestiere.
E il bello è perdere quel che non si ha.
Ho perso tempo e certo non l’avevo
ma io perdendo prendo, anzi ricevo,
lusso supremo, la mia immortalità.
Altro non voglio infatti che essere immortale,
qui in questa terra essere immortale.
Sospesa in mezzo al tempo, non più moi,
essere nel moi essere, esposta e già finita,
chiusa animale che certo non risorge,
giocando alle parole, sono l’inizio.
***
Patrizia Cavalli (née en 1947 à Todi, Italie) – 30 ans de poésie italienne, 1975-2004, Po&sie 110, t. 2, (Belin, 2005) – Traduit de l’italien par Martin Rueff.