Les 200 prisons françaises « abritent » 64 250 détenus ! Jamais la France n'avait compté un si grand nombre de prisonniers (dans l'attente d'un jugement ou jugés définitivement). Les syndicats de gardiens de prison réclament mais en vain une grâce présidentielle qui permettrait de soulager la pression qui s'exerce sur eux.
Nicolas Sarkozy et Rachida Dati ont exclu une telle possibilité. Si bien que 3500 à 4000 détenus doivent rester emprisonnés alors qu'ils pourraient bénéficier de mesures palliatives à l'enfermement. Ce qui est en cause c'est l'application de plus en plus rigide de lois elles-mêmes de plus en plus sévères. Qu'il s'agisse des peines plancher, des lois sur la récidive, le marge de manœuvre des juges est de moins en moins importante. Là où ils pourraient imposer des travaux d'intérêt général, des mesures de contrôle judiciaire, des mises en liberté conditionnelle, le parquet se montre intransigeant et les juges d'application des peines contraints d'appliquer les nouveaux textes. Foucault a écrit des livres importants sur la punition, la privation de liberté. Ils sont toujours d'actualité.
Il serait bon que le législateur passe plus de temps en prison pour qu'il se rende compte de ce qu'est la vie entre quatre murs, seul, à deux, à trois ou à quatre dans les maisons d'arrêt où la surpopulation carcérale est malheureusement une règle devenue commune. Loin de nous l'idée de nier la nécessité d'incarcérer certaines personnes dangereuses pour la société. Il faut simplement le faire dans la dignité et le respect des personnes.
La France a été épinglée par des organismes européens pour la promiscuité, la mauvaise hygiène de certains établissements et le peu de soins accordés aux détenus. On promet de nouvelles prisons, on prévoit plus de sévérité, plus de prisonniers. Un cercle infernal !