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Maltraité en prison, le journaliste Adalbert Hiol veut être transféré vers une autre prison

Publié le 28 janvier 2021 par Tonton @supprimez

Interdit de rencontrer un médecin alors qu’il est malade, ses visites suspendues par le régisseur, le directeur de du journal publication Jeunesse en Action condamné pour diffamation depuis 2019 dénonce la violation de ses conditions de détenu. L’Ong Mandela center vole à son secours.

Jean Claude Fogno le secrétaire exécutif permanent de l’Ong Mandela center internationale a rencontré le journaliste Adalbert Hiol le mardi 19 Janvier 2021 à la prison centrale de New Bell à Douala. Au centre des échanges, la procédure de transfèrement du journaliste-directeur de publication de la prison centrale de Douala, à la prison principale d’Edéa dans le département de la Sanaga Maritime dans la région du Littoral. « J’ai déposé la demande de transfèrement chez le délégué régional de l’administration pénitentiaire du littoral. Nous avons demandé au délégué d’être rassuré de la volonté de Mandela center international d’œuvrer sans relâche pour un meilleur accompagnement dans la mission exaltante de promotion des droits de l’homme. De bien vouloir accepter cette demande pour l’équilibre moral du journaliste, pour son bien-être et sa santé », a précisé Jean Claude Fogno.

En effet le journaliste Adalbert Hiol, directeur de publication du journal « jeunesse en Action », défenseur des droits de l’homme, promoteur de l’association « Aide et assistance aux personnes démunies et exclus sociaux », a été condamné le 07 Novembre 2019, reconnu coupable de diffamation, propagation de fausse nouvelle et injure dans le cadre de son travail de journaliste à l’endroit du professeur Louis Richard Ndjock directeur de l’hôpital Laquintinie de Douala, aujourd’hui secrétaire général du ministère de la santé publique.

Ses droits de détenu violés

Il avait été condamné à 18 mois d’emprisonnement ferme, 2 600 000 Fcfa d’amende, 10 millions de fcfa de dommages et intérêts, et 2 ans de contrainte par corps. « Une condamnation arbitraire et une peine financière exorbitante », selon le journaliste. Depuis lors, il demande de l’aide auprès des organisations humanitaires pour faire pression sur la justice afin de réduire ses peines d’emprisonnements. Il accuse aussi les syndicats de journalistes de l’avoir abandonné et de garder le silence sur les différentes humiliations qu’il subit en prison. « Depuis bientôt un an, j’ai des difficultés respiratoires. Chaque fois que je demande au régisseur de rencontrer un médecin dans un centre spécialisé, il s’oppose. Ici, en prison, nous avons juste un simple infirmier qui fait souvent des visites de routines. Peu importe ta maladie, il t’oblige à boire du paracétamol. Je me sens mal.

Je dois me faire consulter », explique Adalbert Hiol. Autre chose, le régisseur de la prison s’opposerait à ses visites. « La plupart des membres de ma famille vivent à Edéa dans le département de la Sanaga Maritime à plus de 64 km. Ils doivent payer au moins 4 000 Fcfa de transport pour venir me rendre visite ici. Mais à chaque fois ils se font refouler, on ne leur permet pas de me rencontrer. Je suis isolé. C’est pendant les visites que je reçois le plus souvent des repas et un peu d’argent pour tenir en prison. C’est à cause de cette situation que j’ai demandé d’être transféré à la prison d’Edéa où j’irai finir le reste de ma peine. C’est pour me rapprocher des miens », précise le journaliste.

Ayant suivi cet appel de détresse, l’ong international Mandela Center a volé au secours du journaliste. L’ong l’a aidé à confectionner tous les documents officiels réclamés par l’administration de la prison pour le laisser partir. Ces documents ont été déposés dans les services du délégué régional de l’administration pénitentiaire du Littoral le vendredi 22 Janvier. Pour le moment, ils attendent juste l’avis favorable pour son transfert. Francis Wantoh le délégué régional a salué cette initiative tout en réitérant que la prise en charge appropriée des détenus est une préoccupation permanente de l’Etat. Une véritable bouffée d’oxygène pour le journaliste.

Le régisseur dément tout traitement inhumain

Le régisseur de la prison centrale de Douala rejette les actes de « maltraitance » à l’endroit du journaliste. Il indique qu’au même titre que les autres détenus, Adalbert Hiol est pris en charge par le service sanitaire de la prison. Mais il reste vague sur la condition de traitement des détenus souffrants des maladies infectieuses graves qui surviennent en prison. Concernant la restriction des visites, il affirme que cette mesure est applicable à tous depuis l’apparition du covid 19. Il refuse d’admettre une quelconque prise de décision pour nuire ou faire mal au journaliste. Même si certaines sources internes à la prison reconnaissent que parfois des décisions discriminatoires sont prises à l’intérieur du pénitencier contre certains détenus pour des raisons inconnues, dont le régisseur seul en détient le secret.

Une peine de prison trop lourde

Le journal « jeunesse en action » a arrêté de paraître depuis la condamnation de son directeur de publication. Ce bihebdomadaire, qui tirait à environ 20 000 exemplaires par semaine, fonctionnait avec un budget et un personnel très réduit. Condamné à payer 2 600 000 Fcfa d’amende et 10 millions de dommages et intérêts pour une affaire de diffamation, le journal est incapable de trouver de l’argent pour payer ces amendes. Adalbert Hiol dénonce depuis le début « une justice aux ordres ». Pour lui, le professeur Louis Richard Ndjock, avec ses amis, avait décidé de lui faire mal. Il juge exorbitantes ces sommes d’argent qu’on lui demande de payer, car elles sont « disproportionnées par rapport à l’acte de diffamation dont on l’accuse». Pour lui, cette autre irrégularité devrait être réparée, et il en appelle aux journalistes pour faire pression sur la justice. Un appel qui risque de ne pas être entendu puisque depuis son emprisonnement, le syndicat national des journalistes du Cameroun est resté muet sur son dossier.

La loi interdit tout abus sur les détenus

L’ensemble des règles minima pour le traitement des détenus contenu dans le code de procédure pénal interdit toute forme de traitement dégradant. Ce code indique que les personnes détenues doivent avoir accès à une qualité et une continuité de soin identiques à celles de la population. La prise en charge médicale est assurée par le service public de l’hôpital, qui doit remédier aux pathologies parfois aggravées par la vie en établissement pénitentiaire, et surtout respecter l’intégrité de la personne détenue. Par ailleurs, parce que la prison a aussi pour mission de favoriser la réinsertion, les détenus doivent pouvoir maintenir les liens avec leurs familles. Ainsi, le détenu a le droit de visite et des permissions de sortir. La loi précise que les détenus peuvent être visités par les membres de leurs familles au moins une fois par semaine. Des dispositions qui démontrent que la plainte du journaliste Adalbert Hiol est fondée. Et il devrait être soutenu.

Hugo TATCHUAM


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