Chroniques d’un anthropologue au Japon (35)

Publié le 26 janvier 2021 par Antropologia

Motivations

Sur le quai de la gare de Nakayama, une petite pièce chauffée pour attendre le train. 9h15. Personne dans la salle. J’ouvre la porte en métal. Je me prends une châtaigne d’électricité statique. J’entre, puis je referme derrière moi pour éviter le gaspillage d’énergie. La femme qui me suit de quelques secondes calque ses gestes sur les miens, et referme consciencieusement la porte. Trois minutes plus tard, une autre femme entre et laisse volontairement la porte entre-ouverte. Recommandations du ministère de la santé pour éviter la propagation des virus. La femme qui suit fait de même, puis cherche le regard approbateur des personnes assises dans la salle. Le train arrive, nous sortons. J’essaye de ne pas être le dernier, pour ne pas avoir à refermer derrière moi et me reprendre une joute sur la porte. La dernière personne referme bien, pour ne pas gaspiller le chauffage. Depuis le wagon, je vois entrer un homme dans la salle. Il referme la porte derrière lui. Il agite ses mains, à cause du froid, ou parce qu’il s’est pris une joute lui aussi. Une femme entre à sa suite en refermant bien la porte derrière elle aussi.

Le lendemain. Même heure. Quatre personnes déjà dans la pièce. La porte est grand ouverte. J’entre, et referme derrière moi, mais pas complètement. Je laisse un espace de dix centimètres environ. Un espace que j’estime pouvoir contenter tout le monde. Les coronistes, les écologistes, et ceux qui veulent pouvoir ouvrir la porte avec le pied pour ne pas s’électrocuter.

Rémi Brun