Les chaussures de l'hippopotame, de David Dumortier, illustrations de Pierre Pratt

Ce livre est une invitation à rester léger même quand la réalité nous pèse sur le moral.
Par exemple :

Des ciseaux
Mal écrits par un enfant
Sont devenus des oiseaux. 
Maintenant ils coupent le vent
Tout ça à cause d’un enfant
Qui faisait des poèmes
Dans ses fautes.

Cet enfant, c’est le poète, bien sûr. Qui fait d’une faute un poème. Une faute légère qui l’entraîne de la terre au ciel, porté par le vent. Une faute comme en faisait Prévert qui mettait deux f à girafe. Ici, l’enfant ferme le c, en fait un o, y ajoute des ailes. Et voilà un coupe-vent qui le protège (et coupe-vent commence par c et o). Ce texte même de David Dumortier semble avoir été coupé puis restauré comme il pouvait, en changeant un peu l’ordre des mots, parce qu’en réalité il n’y a pas de faute.

La plupart des poèmes, courts, commencent par un nom commun précédé d’un article indéfini (un, une, des). Voilà le sujet. À chacun.e il arrive que les choses ne se passent pas comme on s’y attend : un chasseur tue le temps (allez donc voir comment), une fourmi découvre ce que c’est que d’être « dans les pattes des autres », un homme se met à dire « des mots de travers »… 

Il y a aussi des petits textes très simples où le poète demande qu’on lui donne trois choses, et on les lui donne. On les lui a sans doute données dans le Lycée d'Épinay-sur-Seine (93) où il était en résidence dans le cadre du programme de résidences d'écrivains en Île-de-France.

Et puis il y a ce magicien qui se transforme en hippopotame, presque en hippopoème, et dont les chaussures laissent des traces. À qui on a envie de demander de quoi il se mêle…

Les illustrations de Pierre Pratt ajoutent une dimension narrative à ces textes : imaginez ce que peut faire un joueur de golf qui trouve sur son parcours le « point final / d'une phrase préhistorique ».