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L'étoile bleue de Sibérie, de François Hüssy

Publié le 23 janvier 2021 par Francisrichard @francisrichard
L'étoile bleue de Sibérie, de François Hüssy

Georgette et quelques autres - Jean-Claude, le mari, le père et la mère, l'amant toujours provisoire - forment le cercle des principaux partenaires-spectateurs de la tragi-comédie de Patricia, réglée pour émoustiller son maître invisible, entretenir son désir qui la fait vivre.

Cette tragi-comédie de François Hüssy se déroule le temps d'un week-end et met aux prises deux soeurs, Georgette, l'aînée, et Patricia, la cadette: il est difficile d'imaginer que des soeurs puissent être aussi dissemblables qu'elles deux.

Autant Patricia est irrésistible avec ses yeux dont la couleur est celle de L'étoile bleue de Sibérie, cette ravissante petite fleur, autant Georgette est résistible. C'est du moins ce qui semble en les comparant physiquement et moralement.

Car Patricia a un corps divin, bien proportionné, avec tout ce qu'il faut, là où il le faut, tandis que Georgette, au prénom paradoxal, est au contraire un véritable remède à l'amour, étant plus qu'enveloppée, pour ne pas dire carrément obèse.

Si Patricia collectionne les amants, Georgette est désespérément vierge et ne connaît que le substitut des plaisirs solitaires. Il en résulte une rivalité entre elles qui disparaît quand elles se retrouvent toutes deux seules ensemble, ce qui est rare.

Jean-Claude et Patricia forment un couple insolite. Il n'ignore rien de ses frasques, mais, une fois l'adultère terminé, elle lui laisse toute latitude pour faire un sort à son amant provisoire, dont elle ne cherche ni ne veut plus entendre parler.

Ce qui va perturber ce scénario répétitif et lassant, c'est le comportement, de Serge, le dernier amant provisoire. Georgette a surpris Patricia en pleine action avec lui, dans son propre studio, dont elle a eu la faiblesse de lui donner une clé.

Il faut croire que Serge, qui s'appelle en réalité Frédéric et qui est un fabulateur né, a le mensonge contagieux, puisqu'il devient pour les membres du quatuor une seconde nature, ce qui, inévitablement, a des effets tragi-comiques sur eux.

Georgette, pas dupe, rappelle à Serge qu'entre le mensonge et la réalité, il y a la fiction. Elle lui demande donc implicitement, plutôt que de mentir, d'écrire un roman: en s'éloignant de la réalité, la fiction, elle, peut s'approcher de la vérité.

L'auteur applique lui-même le précepte. À la fin du roman, il dévoile le maître invisible dont il est question au tout début. C'est l'instant de vérité pour Patricia et Georgette: seule la vérité blesse, dit-on, mais c'est, en l'occurrence, salutaire.

Francis Richard

L'étoile bleue de Sibérie, François Hüssy, 280 pages, L'Âge d'Homme (à paraître)

Livres précédents:

Les deux premiers volumes de la trilogie Le voyage de tous les vertiges:

Dans un reflet rouge sur l'eau noire (2012) (rebaptisé: La porte pourpre des étoiles)

Le grand peut-être (2017)

Les îles naufragées (2018, édition revisitée de celle de 1998)

Cri de lumière (2019, réédition de celle de 2010)


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