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Publié le 23 janvier 2021 par Onarretetout

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Dans l’émission L’instant M, sur France inter, Sonia Devillers accueillait, ce vendredi 22 janvier, Dimitri Beck, directeur de la photographie du magazine Polka. Celui-ci a décrit une image de Johan Ordóñez, photographe de l'AFP. On y voit des migrants honduriens, faisant partie d’une caravane humaine se dirigeant vers les États-Unis, affrontant les forces de sécurité guatémaltèques à Vado Hondo, au Guatemala, le 17 janvier 2021. 

Sonia Devillers : Qu’est-ce qui nous marque sur cette photo d’actualité ? Cette scène chaotique qui oppose des civils à des militaires. On ne comprend pas tout au premier coup d’œil. Mais sous son apparence de confusion, pour ne pas dire de capharnaüm, tout est pourtant bien organisé dans cette photo d’actualité et d’action. 

Dimitri Beck : Tout d’abord, le point de vue. La photo est prise en hauteur. Ce qui ne permet au spectateur que nous sommes d’avoir un aperçu en plan large de ce qui se joue au sol, de prendre la mesure de ce qui se passe. Un peu comme si nous étions un oiseau. Le photographe Johan Ordóñez est monté en haut d’un immeuble de quatre étages et s’est posté sur une terrasse pour faire cette image. Prendre de la hauteur, c’est un réflexe chez les photographes quand ils couvrent un événement avec de la foule comme une manifestation. C’est aussi important que d’être au cœur de l’action. 
Mais ce qui saute aux yeux, c’est le contraste des couleurs. De la foule émerge toute une palette de teintes vives – rouge, bleu, jaune… – due aux vêtements bigarrés que les migrants portent. Les soldats, eux, arborent tous un camaïeu de vert jusqu’au noir, de leur tenue camouflage à leur casque, bouclier et matraque. Le contraste visuel est saisissant et il est significatif du rapport de force qui se joue. Près de 4.500 hommes, femmes et enfants étaient sur les lieux ce 17 janvier, alors que les militaires n’étaient que 200 à 300. Pourtant, l’armée a pris le contrôle sur les civils.

La composition de la photo, en diagonal, contribue à restituer l’effet de mouvement de la scène. La foule entre dans l’image comme elle est entrée au Guatemala. Ce qui donne définitivement sa force à cette image et la rend impressionnante, c’est le cadrage. L’image est pleine. Remplie. Le photographe en a décidé ainsi. La scène en devient étouffante, et nous en rappelle d’autres, ces derniers mois, dans toute l’Amérique du Sud.

Dans le recueil de poèmes présenté hier dans ce blog, Cadastres, Célestin de Meeûs écrit qu’il ne s’est pas appuyé à la rambarde d’un balcon depuis longtemps. 

Et vous ? Mettez-vous à la fenêtre qui surplombe la rue ou le jardin et racontez, dans un texte d’une dizaine de lignes ce que vous voyez. Bien sûr, cela peut être totalement fictif, comme d’habitude, avec un peu de réel dedans.

Exemple :
C’était il y a plusieurs hivers. Depuis la fenêtre de la cuisine, j’ai vu deux pies se poser au sol, dans le petit parc boisé, au bord du chemin nettoyé la veille à l’aide de ces souffleuses à feuilles qui m’avaient réveillé tôt. Qu’avaient-elles trouvé là ? J’essayais de percevoir la branche, l’insecte, l’autre oiseau qu’elles auraient abattu à cet endroit comme j’avais vu, du premier étage d’un immeuble parisien, d’autres pies le faire, quelques années plus tôt, sur un boulevard. Mais rien ne bougeait au sol qu’elles frappait de leur bec. Un voisin est sorti pour jeter dans la poubelle collective un sac noir bien fermé. Les pies se sont envolées. C’est alors que je l’ai vue : une forme allongée, couverte d’une sorte de drap blanc, et que j’ai prise d’abord pour un cadavre d’être humain. Il m’a fallu plusieurs jours pour que je comprenne qu’il s’agissait seulement d’un parterre couvert d’une housse d’hivernage blanche que j’ai oubliée quand le printemps est revenu.

C’est à vous main tenant. Racontez une scène vue depuis votre balcon ou une fenêtre en hauteur. Et postez-la dans les commentaires ci-dessous. Merci.

En cliquant sur ce lien, vous atteindrez l'émission L'Instant M du 22 janvier 2021, d'où est extraite la photo ainsi que les commentaires de Sonia Devillers et Dimitri Beck. On trouve aussi la photo sur le site de Polka Magazine.


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