de Stenka Quillet
Enquête - 200 pages
Éditions Grasset - mai 2019
Le bio en en parle on en parle, on en mange plus ou moins souvent, on le critique aisément. Il exacerbe les tensions et déchaîne les passions. Alors, pour mieux comprendre de quoi on parle, ce qu'il en est vraiment, Stenka Quillet a mené son enquête en tant qu'adepte du bio qui cherche à démêler les enjeux cachés sous les guerres du bio et à décrire les profils des grands acteurs qui veulent s'y faire une belle place..
Dans cet ouvrage, l'auteure livre un travail pour lequel elle a su aller chercher sur le terrain les réponses à ses questions et à celles des autres au sujet du bio. Visites de fermes, petites exploitations familiales françaises ou zone de production intensive espagnole ; de distributeurs boutiques spécialisées, pavillon bio du MIN de Rungis ou acteurs de la GMS ; de restaurants... Elle a mené des entretiens avec de nombreux acteurs du secteur, et réussi à soulever un grand nombre de sujets épineux, de craintes, de méconnaissances.
Extrait :
"Ici pas question d’acheter des aliments. Pour nourrir leurs 55 vaches laitières, Céline et Michel disposent de 50 hectares. En plus du lait, la ferme produit du jus de pomme, de la viande et du blé. Le couple a réussi le pari de l’autonomie.
Parmi les détracteurs de la bio, beaucoup considèrent que cette agriculture est un retour en arrière. Se passer des produits chimiques, des bâtiments où l’on confine les animaux paraît rétrograde. La dépendance de l’agriculture conventionnelle au pétrole n’est pas un sujet pour eux. Pour Michel, au contraire, l’expérience héritée des anciens confère au système une grande force : « Le système agraire que nous mettons en œuvre ici a été mis au point par des générations d’agriculteurs qui ont cherché, expérimenté des systèmes de production intelligents, avec des haies, le choix des parcelles, une attention à la nature des sols, tout a été fait de façon pensée. »
Michel m’explique l’intérêt d’allier élevage et culture : « Cela donne une grande complémentarité. On peut être même parfois plus productif que la Beauce. »"
On pourra y trouver de très rares inexactitudes mais qui n'ôtent pas le grand intérêt de l'ouvrage.La question du prix est évoquée, le frein premier et la source de la majorité des plaintes. Mais elle va quand même plus loin, et grâce à Marc Dufumier évoque les coûts engendrés par la dépollution et les frais de santé dus à l'alimentation conventionnelle ; les bénéfices en terme de services environnementaux dégagés par le Bio sont aussi mis en lumière.Un ouvrage très pédagogique avec une plume bien agréable à lire, qui nous emmène à travers un univers actuel souvent cité rarement bien décrypté. Car la première guerre du bio est celle de la vraie information, celle qui émane plutôt de ses propres acteurs...."Enseignes : Comment séparer le bio grain de l'ivraie" - Libération