avec l’être que je n’ai jamais été
et je suis là
danse toi ma pensée
sur la corde de mon sourire
et tous disent ça s’est passé et c’est
voilà ça passe
voilà ça passe
et mon coeur
ouvre la fenêtre
vie
je suis là
ma vie
mon sang seul et transi
percute contre
le monde
mais je veux me savoir vivante
mais je ne veux pas parler
de la mort
ni de ses étranges mains.
*
La de los ojos abiertos
la vida juega en la plaza
con el ser que nunca fui
y aquí estoy
baila pensamiento
en la cuerda de mi sonrisa
y todos dicen que esto pasó y es
va pasando
va pasando
mi corazón
abre la ventana
vida
aquí estoy
mi vida
mi sola y aterida sangre
percute en el mundo
pero quiero saberme viva
pero no quiero hablar
de la muerte
ni de sus extrañas manos.
***
Alejandra Pizarnik (1936-1972) – La última inocencia (1956) – La dernière innocence (Ypsilon, 2012) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Jacques Ancet.