Retour sur une année pas comme les autres
Cette année 2020 fut particulière pour tout le monde : ce fut une remise en question pour certains, une pause pour d'autres, des difficultés, ou même parfois un changement radical. Il y a un an, à la même époque, jamais je n’aurais imaginé que deux mois plus tard j’allais être coupée du monde pendant des semaines, ne voyant que la cellule familiale réduite, mais en découvrant chaque jour les changements de la nature environnante.
Un autre rythme, d’autres habitudes à prendre, gérer « l’école à la maison », et vivre hors du monde pendant quelques semaines. Mon travail aussi, ma création en a pris un coup, et c’est surtout un retour sur des pièces « iconiques » -comme disent pompeusement les marques de vêtements à la mode- que j’ai présenté cette année 2020.
Voici donc un résumé en images : Les neuf publications que vous avez préférées sur Instagram en 2020.
1- Quatre grandes broches fleurs
La première des neuf publications que vous avez préférées sur Instagram en 2020 fut donc bien l’illustration d’un sujet sensible cette année : les fleurs. Une envie de nature, un besoin de fraicheur pour tous ceux qui furent confinés dans leurs appartement en ville.
Souvenez-vous : les commerces essentiels furent seuls ouverts.
Essentiel : Quel curieux qualificatif, et assez subjectif finalement. Comme les libraires, les fleuristes ne furent pas compris dans cette catégorie selon la directive du gouvernement français. (J’appris plus tard, à ma grande surprise, que le gouvernement belge avait déclaré les librairies commerces essentiels à la bonne santé morale…) Je me revoie encore, à la veille du second confinement, faire le plein de bouquets, puis les regarder sécher doucement, faner, avec d’être tristement obligée d’en jeter une partie, les chardons et feuilles d’automne ayant bien tenu le coup.
J’ai rangé mon atelier à la fin du printemps, et je suis tombée sur quelques grandes broches fleurs, précieusement mises de côté, mes préférées sans doute, celles que je n’ai jamais mises en vente. Je me souviens de celle-ci, rose, créée en 2004 pour être portée au mariage de ma sœur, et que j’avais assortie à ma robe et à mon gigantesque chapeau fushia.
Cette autre, rouge au coeur noir de jais et d’hématite, m’avait valu un « C’est très beau, ce que vous portez, c’est ancien ? » admiratif de la part d’une dame élégante. C’était au théâtre du Châtelet à Paris, un soir de représentation de tango.
Je me souviens encore de celle-ci, blanche, très simple, qui faisait partie d’une série de trois : la première, vraiment très grande, avait trouvé preneur immédiatement, une toute petite, était partie rapidement aussi, et enfin celle-ci, que je gardais pour moi, symbole de mes débuts. Ce devait être en 2001. Un matin où le merveilleux cerisier blanc du jardin de la Reine à Versailles avait laissé tomber ses fleurs dans un hanami quasiment japonais. Ce jour-là, seule dans le jardin, j’ai ramassé une poignée de ces petites fleurs si légères. Plus tard, j’admirais et observais encore les plissés des pétales, les délicates étamines orangées, la finesse des fleurs que j’avais laisser flotter à la surface de l’eau dans une coupe ancienne, en porcelaine céladon.
2- Broche Petits Pois
La Broche Petits pois est un de mes bijoux préférés, et l’un de ceux qui rencontrent aussi le plus de succès. Comme les autres bijoux, je travaille sans moule, et chacune est différente. Les perles sont rondes, blanches, elles tiennent lieu de pois dans leur cosse, précieux trésors à l’abri de la matrice verte. Je l’ai déclinée successivement en pendentif, puis en boucles d’oreilles. Elle me parle de la princesse scandinave du conte d’Andersen, à la peau si fine qu’elle ne pouvait supporter un petit pois caché sous ses matelas, mais aussi de la grande architecte Andrée Putman et de Louis XVI. Cétait, pour chacun d’eux, leur légume préféré. Elle me raconte aussi la vogue des bijoux si originaux, parfois extravagants, toujours audacieux, des années 1940-1950 aux États-Unis, où le bijou fantaisie et le bijou précieux pouvait enfin ne faire qu’un.
Une broche Petits Pois est disponible ICI.
3- Coraux rouges
La troisième des neuf publications que vous avez préférés sur Instagram en 2020 est une photo ancienne. Un beau souvenir de mes premières branches de corail rouge. Du corail, ou plutôt du simili-corail. Trois branches rouges à glisser dans les cheveux. Trois épingles à cheveux ornaient la chevelure arrangée en chignon d’une belle Sud-Américaine au bord d’un canal au soleil. Il faisait beau, c’était sans doute la fin du printemps ou peut-être déjà l’été. Elle avait des cheveux magnifiques, longs et noirs aux reflets cuivrés, et j’avais fait ces épingles en pensant à elle. Chacune était unique encore une fois. Une très grande épingle accompagnée de deux plus petites formaient comme un peigne andalou sur sa tête. Bien plus léger que du vrai corail, ces épingles sont aussi uniques que le reste de mon travail, puisque modelées et non moulées.
Deux autres épingles rouges sont disponibles ICI, ainsi que des noires, ICI.
4- Vœux 2020
Un an plus tôt, je vous souhaitais une bonne année, avec « tout le bonheur possible ! ». Et cette année ? Disons que j’ose à peine vous souhaiter une « meilleure » année, assortie aux « meilleurs vœux » traditionnels.
Les reflets métallisés de ce bouquet de gui vert-de-gris répondent à ceux des perles de Majorque qui l’ornent, lovées au creux des feuilles. Une plante très symbolique qui reste verte en hiver, et qui fascinait déjà les cultures anciennes celtes et scandinaves.
S’embrasser sous le gui, et faire tous les vœux possibles.
Là encore, ce n’était pas la première fois que je m’attaquais au gui. J’ai retrouvé la photo d’un beau collier d’hiver réalisé en 2006, mais je pense en avoir commencé quelques années auparavant.
5- Trois radis
Le premier radis que j’ai fait date de l’été 2007. Un radis long, rose et blanc, avec une tige coupée pas très long. Je l’avais accroché à un beau ruban de soie plissée, grège. Une de mes stagiaires, Patience, lui avait trouvé une très jolie histoire puisque chacun de mes bijoux en raconte une :
RADIS n.m
(it.radice; lat.radix, -icics, racine)
Plante précieuse, très recherchée pour la somptuosité de sa racine et réputée pour sa forme simple et dépouillée. Il fut porté par les héritières du royaume de F. en réaction à l'étalage de bijoux trop fastueux.
Il devint un symbole de modestie et de luxe décent.
6- Une broche fleur rouge (détail)
Encore une grande broche fleur, rouge au cœur sombre. Elle a été exposée -comme d’autres de mes bijoux- à la Galerie Sophie…etc, une galerie de bijoux contemporains à Paris, dans le 11e arrondissement. Il fut un temps où je n’avais plus du tout envie de faire ces grandes fleurs, cela a duré quelques mois, c’était il y a cinq ou six ans maintenant.
Sophie Cazin m’en a demandé, m’a encouragé à en faire de nouvelles, et j’ai retrouvé le plaisir du modelage des pétales, de la création des dégradés de couleurs, de la pose des étamines en perles de jais ou de cristal.
7- Métallisation ou electroforming (electroformage)
En Septembre, j’ai eu la chance de pouvoir faire un stage avec un maitre de l’electroforming, Gaston Rois. Deux jours passionnants, à apprendre comment « tremper » un objet dans le métal. Il fut question de chimie, d’électricité, de métallisation, de galvanoplastie, d’électrolyse, de résistance des matériaux, de porosité, d’anodes et de cathodes… Un retour sur les bancs de l’école en cours de sciences appliquées, ou de technologie comme on appelle l’EMT aujourd’hui.
Une belle découverte, des rencontres enthousiasmantes, le tout orchestré par l’Atelier Elemento.
8- Les cerises de Henri Fantin-Latour et les miennes
A gauche, un détail de la "Nature morte avec Fruits et fleurs, 1866" (National Gallery) de Fantin-Latour, à droite une photo de mes boucles d’oreilles cerises.
Retour sur une autre période, il y a trois ou quatre ans. J’avais lancé en 2005 une série d’expositions virtuelles sous le nom de La Galerie de la Marraine, où je faisais intervenir artistes et artisans d’art, autour de l’œuvre d’un peintre. Lorsque ce fut le tour de s'inspirer de Fantin-Latour, je participais moi aussi, en présentant mes bijoux cerises, mais aussi des fraises ou des fleurs. Plus d’une cinquantaine d’artistes participèrent aux cinq expositions que j’organisais alors, et coup du hasard, mes cerises étaient également présentées en même temps à la boutique du Grand Palais à Paris à l’occasion de l’exposition « Jardins ».
9- Collier graines d’érable et cynorrhodon
Enfin, la dernière des neuf publications que vous avez préférées sur Instagram en 2020 est à nouveau une photo ancienne : un collier épuré présentant deux de ces graines jumelles, ailées, qui tombent des érables à l’automne, et y répondant, une baie rouge sombre d’églantine ou de rosier sauvage. Une grosse baie brillante, terminée par un cristal noir.
Réalisé en 2007, ce collier avait tout de suite été remarqué par la blogosphère à l’époque. Ce fut une période à l’énergie très positive, mon blog s’était même retrouvé fin décembre 2008 en 44e position de la blogosphère francophone dans la catégorie « divers », et en 196e position toute catégories confondues, juste derrière Loïc Lemeur, et devant Café Mode (Géraldine Dormoy) et Margaux Motin !
(C’est aussi dire combien la blogosphère comptait peu d’acteurs par rapport à aujourd’hui et aux réseaux sociaux…)
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