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kadācitkvāpi labhyo'si yogenetīśa vañcanā |anyathā sarvakakṣyāsu bhāsi bhaktimatāṃ katham || 16 ||
Ils disent :"Alors, là, grâce au yoga, on t'atteindra."Tromperie, ô Seigneur !Autrement, comment donc pourrais-tu te manifesterà tes amoureuxen n'importe quelle circonstance ?Utpaladeva, Hymnes à Shiva, I, 16Selon Kshemarâja, Dieu est la conscience qui éclaire les choses et les pensées sur les choses. C'est elle qui les manifeste et qui se manifeste ainsi. Dès lors, comment la conscience pourrait-elle être cachée par ses propres manifestations ? Comment les reflets pourraient-ils cacher le miroir qui est leur âme ? Le yoga, c'est-à-dire, ici, le yoga de Patanjali, est réservé à ceux qui ne goûtent pas l'amour de t'avoir reconnu dans leur Soi, dans la conscience toujours présente, vivante et dynamique. Voilà pourquoi ils aspirent à se suicider en supprimant les opérations de leur être (cittavṛttinirodhena, cité par Kshemarâja). Tout cela est tromperie (vañcanā) ! Car, s'il était vrai qu'il faille supprimer les opérations du corps, de la voix et de l'esprit pour te gagner, alors comment se fait-il que tu te manifeste pour tes amoureux à la fois dans l'état de samâdhi et dans l'état où les sens, la parole et l'esprit sont actifs (vyutthāna), ainsi que dans les états de fureur, de passion, d'égarement et de surprise ? Cette dualité entre samâdhi et état d'agitation n'est que la croyance erronée (abhimata) de celles et ceux qui ne t'ont pas reconnu, toi qui est l'âme de toute passion, de toute agitation, de tout désir, de toute confusion ! C'est toi, conscience universelle, divine car absolument libre, qui brille ainsi et autrement aussi. C'est toi, et toi seule. Mon yoga est donc de te savourer, de te reconnaître, de te chanter jusque dans ces états. Pour moi qui n'aspire qu'à toi, il n'y a pas de séparation, seulement le jeu des différences qui célèbre ton art ineffable, ta poésie efficiente, ton génie insondable.