Je veux savoir où je suis. Les rideaux du désastre s’en sont allés en lambeaux et la vie nouvelle a soudain enflammé le paysage, là où l’Orient a jeté les brandons. L’homme heureux n’a plus besoin de poésie. Il se rue alors vers ce monde inacceptable où les êtres sont des choses, où les choses sont des êtres, où la bestialité reste le seul refuge et la seule rédemption. Je veux savoir où je suis.
Je parcours un pays très étrange. J’aime la forêt, son silence cadencé, j’aime la mer, ses vagues toujours nouvelles et ses voiliers chantant, là-bas, au plus haut de l’horizon, papillons du soleil levant.
Les enfants sont adorables, qui dessinent ainsi le pressentiment et l’aventure.
Et les hommes sont absents.
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Maurice Blanchard (1890-1960) – L’offrande (1953) – Maurice Blanchard (Seghers / Poètes d’aujourd’hui, 1988) par Pierre Peuchmaurd.