Ce n'est désormais plus notre prévision, mais une réalité : la zone euro est entrée en récession. En effet, après être déjà passé sous la barre des 50 en juin, l'indice des directeurs d'achat eurolandais a encore chuté en juillet, tant dans l'industrie que dans les services. En atteignant respectivement 47,5 et 48,3, ces indicateurs avancés de l'activité économique globale confirment qu'une baisse du PIB devrait être observée tant au deuxième qu'au troisième trimestre 2008.
Et ce d'autant que, pays par pays, la situation est tout aussi déplorable. A commencer par l'Allemagne qui avait jusqu'à présent surpris par sa résistance mais qui désormais souffre comme les autres.
Ainsi, l'indice du climat des affaires de l'enquête IFO perd 3,7 points sur le seul mois de juillet. Avec un niveau de 97,5, cet indice se situe même à un plus bas depuis septembre 2005, à une époque où le glissement annuel du PIB allemand était de 1,4 %. Pis, l'indice IFO des perspectives d'activité outre-Rhin a baissé de 4,6 points en juillet. Il atteint ainsi un niveau de 90, soit un plus bas depuis novembre 2002, au début de la dernière récession allemande qui allait notamment se traduire par une baisse du PIB germanique de 1 % entre le quatrième trimestre 2002 et le deuxième de 2003.
Une situation presque similaire est observable dans l'Hexagone. En effet, après avoir réussi tant bien que mal à se maintenir au-dessus de la barre des 100 (qui représente sa moyenne de longue période) depuis 2005, l'indice du climat des affaires de l'enquête INSEE dans l'industrie a désormais cassé cette ligne de résistance. Avec un niveau de 98 en juillet, il retrouve donc un plus bas depuis mai 2005 et se rapproche dangereusement des planchers des années 2003 et 1993, c'est-à-dire les dernières phases de récession ou quasi-récession observées dans l'Hexagone.
L'Italie, troisième économie de la zone euro, ne fait guère mieux. Ainsi, le climat des affaires y a reculé de 3,2 points en juillet et atteint à présent un plus bas depuis octobre 2001, c'est-à-dire une période où le PIB italien était en phase de recul. Cette évolution est d'autant plus inquiétante que la confiance des ménages transalpins a atteint en juillet un plus bas depuis 1993.
Mais si l'Italie est malheureusement habituée à l'atonie économique et ne devrait « que » s'enfoncer un peu plus (un peu comme le Portugal d'ailleurs), d'autres pays retrouvent les affres d'une activité en repli pour la première fois depuis 1993. Il s'agit notamment de l'Espagne, mais aussi de l'Irlande et bientôt de la Belgique et des Pays-Bas.
Et ce n'est certainement pas les croissances toujours appréciables du Luxembourg, de Chypre, de Malte ou de la Slovénie qui permettront d'inverser la tendance.
Dans ce cadre, le PIB de la zone euro devrait reculer tant au deuxième qu'au troisième trimestre 2008. Sa croissance annuelle moyenne atteindrait ainsi 1,6 % cette année et encore 1,5 % l'an prochain.
La « bonne nouvelle » de cette détérioration résidera dans la baisse de l'euro vers des niveaux plus normaux (c'est-à-dire autour des 1,40 dollar à partir de l'hiver prochain puis 1,30 dans un an), ainsi que dans la baisse des taux de la BCE en fin d'année. D'où un redémarrage potentiel de l'activité à partir du printemps 2009.
Que de temps perdu. Car d'ici là, l'emploi sera réduit drastiquement et le pouvoir d'achat des ménages avec…
Marc Touati