En matière d'innovation, j'ai l'habitude de dire qu'une idée originale émerge spontanément et se propage dans l'air ambiant, puis qu'elle prend corps simultanément en divers lieux et sous des formes variées quand des pionniers commencent à la saisir. Il en est ainsi du concept de pilotage de budget adapté à la personnalité de chaque individu.
À l'époque où naissait Kaira au Canada (à laquelle j'ai contribué quelques mois entre 2019 et 2020), Nafeesa et Nikos posaient les bases de Quirk au Royaume-Uni. Les deux startups se fixent un objectif similaire : fournir aux consommateurs un accompagnement plus efficace dans le contrôle et la maîtrise au quotidien de leur situation financière en appréhendant au préalable les clés de leur relation intime à l'argent. Ou comment prodiguer des conseils percutants en apprenant à mieux connaître l'utilisateur…
Dans cette optique, une des premières étapes à franchir pour entrer dans l'univers de Quirk consiste à remplir une sorte de test psychologique, en 25 questions simples abordant à la fois des traits de caractère génériques (sociabilité, prédisposition au stress…) et des sujets proches du domaine financier (surveillance des dépenses, attitude face au risque…). À la fin de l'exercice, qui prend 3 minutes, le candidat obtient son profil, réparti entre 4 grandes dominantes (optimiseur, explorateur, artiste et insouciant).
Autre composante incontournable du PFM, l'application invite ensuite le nouveau venu à connecter ses comptes bancaires (y compris épargne, investissement, emprunts…), de manière à effectuer un suivi de ses opérations au jour le jour. Dès lors, des recommandations personnalisées vont pouvoir lui être régulièrement formulées. Il s'agira par exemple d'encouragements à – classiquement – respecter un budget prédéfini, mais prenant ici en considération les biais de comportements correspondant à son profil.
Une déclinaison de cette approche modulée m'est inspirée par une capture d'écran. Je ne sais donc pas si cette hypothèse correspond à une réalité, mais il me semblerait intéressant d'analyser les transactions enregistrées sous l'angle de leur impact psychologique (pouvoir, liberté, générosité, accumulation…) et d'en déduire, d'une part, les discordances possibles avec le caractère profond de la personne, sources de tensions qu'il faudrait alors chercher à réduire, et, d'autre part, les axes sur lesquels des efforts d'ajustement seraient nécessaires en vue d'optimiser sa position financière.
En tout état de cause, les principes mis en œuvre se déclinent sur de multiples dimensions. La présentation de l'état comptable et de projections à plus ou moins long terme, la mise en avant ou non de telle ou telle tendance observée dans le passé, le contenu et la tournure des alertes et préconisations émises… Toutes ces perspectives méritent d'être abordées différemment pour des catégories de population aux préoccupations et aux inquiétudes distinctes, répondant à des stimuli spécifiques…
Au fond, la logique de personnalisation est d'une éclatante évidence : un modèle d'assistance universel, aussi performant pour n'importe qui et dans n'importe quelles circonstances, est une illusion. Les banques ont coutume de segmenter leurs marchés selon (en gros) le train de vie, mais un conseil vraiment pertinent exige également de comprendre les « moteurs d'inspiration ». C'est pourquoi le conseiller (humain ou informatique) doit impérativement intégrer cette notion dans la découverte du client.