Depuis que les sneakers sont devenues un véritable phénomène culturel dans les années 1980, il est tout bonnement impossible de parler de streetwear et plus encore de baskets sans revenir ne serait-ce qu’un court instant sur l’histoire d’adidas. Il faut d’ailleurs savoir que sans la marque aux 3 bandes, le marché des sneakers n’aurait peut-être rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd’hui ; celui-là même qui continue de nous tenir si passionnément en haleine pour de multiples raisons. C’est pourquoi nous nous sommes replongés dans les archives d’adidas avec l’envie de retracer, autant pour nous que pour vous, l’évolution des modèles qui ont permis à l’emblématique trèfle d’adidas Originals de s’imposer dans la rue. Vous êtes prêt ? C’est parti !
Stan Smith, Gazelle et Superstar : un trio gagnant dès les années 1960
Avant toute chose, il convient de rappeler qu’adidas est une marque de sport historique, et même l’une des plus historiques qui soient puisqu’elle a vu le jour en 1949, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, suite à un différent entre Rudolph Dassler et son frère Adolph qui étaient jusqu’alors associés à la tête d’une fabrique familiale de chaussures. De son surnom « Adi », ce dernier a décidé de fonder adidas en 1949, soit un an après l’inauguration de PUMA par son aîné. Les deux équipementiers qui se livrent encore actuellement une bataille sans merci à tous les niveaux sont toujours installés dans leur village natal d’Herzogenaurach, en Bavière.
adidas Stan Smith, des courts de tennis à la rue
La première chaussure de sport d’adidas qui a rencontré un franc succès dans la rue n’est autre que la Stan Smith. A l’origine, celle-ci ne s’appelait pas ainsi. Elle portait effectivement le nom de son créateur, Robert Haillet, qui a achevé sa conception en 1964 après avoir été approché par la firme allemande pour l’aider à mettre au point une tennis efficace et durable. C’est donc bel et bien sur les courts que la Stan est née et a grandi, une dizaine d’années avant qu’adidas ne signe un partenariat avec l’américain Stanley Smith en l’honneur de qui sa célèbre silhouette fut renommée en 1973. La Stan Smith a alors franchi un cap, transgressant les frontières françaises pour se révéler aux yeux d’un public international.
Sa reconversion réussie hors des terrains de tennis, tant auprès des hommes que des femmes, la Stan Smith la doit au destin d’un autre modèle iconique d’adidas, la Superstar, ainsi qu’à son design aussi simple qu’efficace qui n’a que très peu évolué pendant toutes ces années. Plus que jamais, les successeurs de Robert Haillet continuent effectivement de pérenniser son emblématique tige basse en cuir souple, généralement blanche, grâce à laquelle la chaussure de 1964 est parvenue à s’ériger comme l’une des sneakers les plus vendues dans le monde, ce qui lui a d’ailleurs valu d’intégrer le Livre Guinness des records en 1990. Malgré les critiques dont elle fait parfois l’objet, elle occupe toujours une place de choix dans le catalogue de l’équipementier, au côté notamment de la Gazelle.
adidas Gazelle, une polyvalence exemplaire
C’est en 1968 que la Gazelle a été officiellement introduite par adidas, avec l’ambition de répondre simultanément aux besoins d’athlètes évoluant dans des disciplines différentes, à commencer par les sports d’intérieur phares du moment et l’athlétisme. Dans cette optique, deux versions furent immédiatement conçues avec des ajustements d’ordre surtout technique visant à offrir le meilleur amorti possible et une stabilité optimale sur toutes les surfaces. En apparence, hormis leurs coloris respectivement bleu et rouge ornés de bandes verticales blanches, les deux empreintes étaient identiques, avec une structure en cuir suédé que la marque allemande n’a pas tardé à décliner dans une multitude d’autres coloris afin de concurrencer la PUMA Suede, sortie la même année.
La Gazelle s’est retrouvée malgré elle sous le feu des projecteurs durant les JO de Munich en 1972, à cause d’un placement de produit intempestif orchestré par le nageur américain Mark Spitz, à l’heure où le sponsoring des athlètes était interdit par le Comité International Olympique (CIO). Cela lui valu d’être retirée temporairement de la vente, jusqu’à ce que la polémique se tasse et que le grand choix de couleurs dans lequel elle était déjà disponible lui permette de s’affranchir des codes du sport. La adidas Gazelle a ainsi commencé à envahir la rue, tout d’abord dans les années 80 via l’appui des supporters de football anglais qui jetèrent leur dévolu sur les déclinaisons aux couleurs de leur club favoris. La décennie suivante fut marquée par son arrivée au pays de l’oncle Sam où elle fut importée sur la côte Ouest par Eli Bonerz et Adam Silverman, les fondateurs de l’enseigne X-Large. Il n’en fallait pas moins pour que des stars du hip-hop de l’époque telles que les membres des Beastie Boys ne l’adoptent à leur tour et ne la propulsent à tout jamais sur le devant de la scène streetwear.
adidas Superstar, aux prémices des collaborations
Une seule et petite année sépare la naissance de la Gazelle de celle de la Superstar. Nous sommes en effet en 1969 quand adidas sort de terre sa première chaussure de basketball dont la ligne est inspirée de la Supergrip, un modèle bas, et de la Pro Model, qui était pourvue quant à elle d’une tige montante. Il s’agit par conséquent d’une sorte de basket hybride que les équipes d’adidas équipèrent d’une semelle garante d’un amorti et d’une stabilité renforcés, mais aussi et surtout d’une tige en cuir munie d’un renfort sur le dessus des orteils, une vraie surprise à cette période durant laquelle les chaussures en toile régnaient en maître sur les parquets. La silhouette peina à se frayer une place aux pieds des basketteurs qui furent retissant à l’idée d’abandonner leurs paires en toile au profit d’une alternative en cuir qu’ils pensèrent moins confortable. Heureusement pour elle, Bill Russell, l’entraineur des Boston Celtics, se laissa convaincre par adidas qui la renomma « Superstar » suite au titre NBA remporté par ses hommes à l’issue de la saison 1968-1969.
Dans les années qui suivirent, la adidas Superstar fut portée par près de 75% des joueurs de la NBA. Remplacée par la Top Ten en 1979, puis par la Forum 84 en 1984, son avenir semblait scellé, en tout cas dans le monde du sport. Mais c’était sans compter sur les rappeurs du groupe Run-DMC ! En pleine ascension, ceux-ci prirent l’habitude de la porter à la fois sur scène et en ville. C’est en 1986, au cours d’un concert au Madison Square Garden de New York, auquel ils convièrent un représentant de la marque, qu’ils en firent définitivement leur emblème. Et ce n’est rien de le dire puisqu’ils invitèrent littéralement les spectateurs présents ce soir-là à lever leurs chaussures en l’air au rythme d’un titre baptisé « My adidas ». Dans la foulée, l’équipementier leur proposa un contrat de sponsoring qui reste considéré comme le premier entre une marque de sport et des artistes. La Superstar devint indémodable dans la rue, entrainant dans son sillage la Stan Smith, conformément à ce que nous expliquions précédemment.
Les sneakers d’inspiration retro-running emblématiques d’adidas
Vous l’aurez compris, l’histoire d’adidas est indissociable de celles du tennis et du basketball que le géant allemand du sportswear a marqué de son empreinte avec des silhouettes devenues omniprésentes aux pieds des amateurs de mode streetwear que vous êtes. Cependant, ce ne sont pas les seuls sports dans lesquels ce dernier s’est illustré. Bien au contraire…
Non contente d’avoir participé activement à l’éclosion du phénomène sneakers, adidas s’est livrée dans les années 1980 à une course effrénée à l’innovation pour tenter de rivaliser avec Nike et les autres équipementiers sur un marché du running qui a alors connu un réel tournant. Pendant les deux dernières décennies du précédent millénaire, ses différentes cellules dédiées à la création ont imaginé pas moins de dix chaussures de course dont vous avez très certainement déjà entendu parler. La Nite Jogger, qui date de 1979, et que l’on peut de ce fait considérer comme l’une des plus anciennes, a justement refait surface en 2019 dans une réédition contemporaine qui n’a presque plus rien à voir avec la version originale. Même constat pour la Ozweego de 1996 qui s’est réinventée il y a peu dans un esprit résolument futuriste, mais néanmoins respectueux de son ADN.
Cette révolution du running a par ailleurs vu naître la gamme ZX, avec les adidas ZX 500 et 800, en 1984 et 1986. Celles-ci ont ouvert la voie à d’autres évolutions qui ont davantage séduit les coureurs. C’est le cas de la ZX 8000 avec laquelle est arrivée le système TORSION en 1988. Reconnaissable entre toutes grâce à son esthétique inimitablement vintage agrémentée d’un renfort en TPU au niveau du talon, la ZX 8000 demeure à ce jour un point de repère pour tous les fans de sneakers retro-running en quête d’un esprit authentique et d’un confort préservé.
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