Très tard, la radio raconte une histoire familière. Petit à petit, je saisis que c'est celle de Céleste Albaret, la gouvernante de Proust. Ce sont les dernières heures de Proust. Or, c'est une comédienne qui parle, et pas Céleste, que j'ai entendue dans une autre émission. Toute l'émotion est perdue !
Voilà pourquoi j'ai toujours aimé interroger les gens, et écrire leurs paroles. Et c'est pour cela que j'aime La fin de l'homme rouge. Il y a dans la vie, surtout la vie la plus modeste, des drames qui laissent l'artiste sans voix.
Relisons Molière ou écoutons Racine, comme le jouait probablement Sarah Bernardt, d'un souffle. L'art de l'artiste, c'est de susciter l'émotion par l'artifice. Cela demande du génie.