Evermore marche dans les pas de son digne prédécesseur, Folklore, pour une écoute toujours aussi envoûtante...
Dès sa jaquette, qui rappelle celle de, Evermore annonce ses intentions de se placer dans sa continuité. Les sujets et personnages (comme Dorothea) des deux albums entrent continuellement en résonance pour approfondir et élargir l'univers initié par Folklore. Dès lors, pureté et harmonie sont de mise pour une écoute hors du temps et des crises que nous traversons. Une prise de risque de tomber dans le redondant globalement évitée, qui se substitue à une bouffée d'air bienvenue en ces temps tourmentés.
Taylor Swift reprend à peu de choses près la même recette qui a fait le succès de Folklore. Evermore se définit par des rythmes lents et épurés de toutes sonorités ayant des consonnances artificielles. Il s'ouvre tout en volupté sur Willow, un titre faisant la part belle à la guitare acoustique. Les mélodies sereines de guitare et de piano nous accompagneront tout le long de cette ballade enchanteresse.
Sur ces airs authentiques, vient s'apposer le timbre cristallin de la chanteuse, pour un mariage des plus prenants. Délestée de tout vocodeur ou effets modificateur, la voix pure de Taylor Swift vient happer l'oreille de l'auditeur et s'entoure parfois de chœurs, réhaussant la dimension féérique de cette œuvre.
Petit frère modèle
Evermore se veut un peu plus rythmé que son prédécesseur. Les quelques morceaux introduisant de la batterie, dont Gold Rush ou Love Story Short, ajoutent un peu de peps à cette excursion. Disséminés tout au long de l'album, ils cassent la redondance issue des mélodies globalement proches.
Les voix grave de The National (sur Coney island) et Bon Iver (sur Evermore), contrastant avec celle de Taylor Swift, participent aussi de cette volonté de proposer des morceaux qui se diversifient. Cet opus se savoure alors d'une traite sans difficulté, tant en musique d'ambiance qu'en écoute attentive.
© 2021 taylor nation, llc / Beth GarrabrantTaylor Swift est abonnée aux relations amoureuses difficiles depuis plus d'une décennie, aux côtés de nos célèbres Vitaa et Lara Fabian. Dans la morosité de l'hiver, les relations se teintent d'amertume, à l'image de Champaign Problem. D'autant qu'elles entrent en résonance avec le vécu de la chanteuse, à travers Long short story ou Evermore. Pour des récits personnels qui affermissent les liens qu'elle entretient avec ses auditeurs; ceux-ci devenant ses confidents privilégiés le temps d'un album.
Sa version Deluxe reste plutôt maigrelette : seulement deux titres ajoutés. Elle refaçonnera néanmoins l'impression que Evermore nous laissera, pour un au revoir divergent de l'expérience originelle. Tandis que Evermore (titre final originel, en collaboration avec Bon Iver) le clôt dans un mariage de voix méditatif et salvateur. It's time to go (titre final de la version Deluxe) s'envisage comme un au revoir plus tragique. Sans réinventer, ni ajouter une plus value notable à l'album, ces deux titres ont au moins le mérite de permettre une réinterprétation de sa fin.
Surprise gagnante
Si Folklore représentait une réelle surprise dans la discographie de Taylor Swift, Evermore évolue en terrain connu. Il parvient néanmoins, avec brio, à ne pas tomber dans la redondance grâce à l'exploration d'un univers enchanteur et des mélodies toujours aussi agréables à l'oreille. Il s'envisagera plus comme un prolongement bienvenu de son grand frère qu'un nouvel opus à part entière.