(environs de Cervières, Hautes-Alpes, le 6 juin 07)
Des taches d’ombre et de lumière dévalaient les pentes. Des papillons de toutes les couleurs saluaient leur passage en rondes rythmées et les fleurs frissonnaient dans les vagues du vent. C’était un spectacle d’une surprenante mobilité, dans un décor qu’on eût dit pourtant voué à l’uniformité et à la permanence.
Rien n’est jamais figé, je sais. Le gel, la pluie, la neige font gémir même les falaises et chanter les dunes, comme les océans les plus profonds enflent et soupirent sous la lune. Mais il est des moments de la vie où l’on aime croire que tout s’enracine, que tout va durer toujours. On a même construit des églises pour se donner l’éternité apparente des montagnes. C’est pourtant sur l'aile des papillons et au gré des fleurs que l’âme vagabonde, disparaît et rejaillit un peu plus loin. Là est la continuité du monde, son cœur infatigable, dans la poussière voltigeuse des cent milliards de siècles à venir, dans le désordre gracieux des bourrasques d’automne et le voyage mystérieux de nos chères grands-mères.