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Cameroun: Un rapprochement entre la France et Maurice Kamto?

Publié le 18 janvier 2021 par Tonton @supprimez

Hier dimanche 17 janvier, une publication sur la page Facebook du leader du Mrc, intitulée « la politique de bouc-émissaire ne développera pas le Cameroun », établit une sorte de convergence de vues avec la France. Fume-t-on le calumet de la paix?

C’est un euphémisme de dire qu’au sein de l’opinion, il est passé dans le giron de la certitude que le courant ne passe pas entre Maurice Kamto et Paris. Et pour preuve, la posture affichée de certains de ses lieutenants contre toute forme d’impérialisme et particulièrement de la France au Cameroun. Lui-même n’étant pas en reste car il estime que le destin du Cameroun se trouve entre les mains des Camerounais et nulle part ailleurs. Il le réaffirme dans sa publication en précisant clairement que ni la France, ni les autres puissances n’ont rien à voir dans les malheurs du pays. Il est davantage incisif et précis lorsqu’il reproche au régime de Yaoundé de distiller dans l’opinion que Paul Biya a refusé de renouveler les Accords secrets qui lient le Cameroun à la France. « La bouc-émissarisation de l’étranger ne peut ni tenir lieu de politique étrangère, ni servir de cache-sexe au bilan catastrophique de la gouvernance en place », assène-t-il comme pour demander au régime de laisser la France tranquille et de prendre davantage d’initiatives pour le développement du pays.

Pour lui, « Paul Biya s’est auto-désigné « meilleur élève de la France », ce n’est pas la France qui l’a élevé à cette position », rassure-t-il ses lecteurs. De même en est-il, de la diplomatie des coups de semonce ou des francs-tireurs embusqués dans des journaux à la solde. « Si celui qu’on croit ainsi exalter pourrait s’en satisfaire, ce n’est assurément pas bon pour le pays », se convainc-t-il. Toujours dans cette affaire du refus de Yaoundé de renouveler les Accords secrets, il poursuit en demandant au pouvoir de publier ces textes d’autant plus qu’ils ne sont plus en vigueur. On comprend donc que dans cette logique, Maurice Kamto veut signifier aux Camerounais deux choses. Soit que les Accords secrets n’existent pas selon lui, soit que Paul Biya n’a refusé de rien signer.

Maurice Kamto vole au secours de Christophe Guilhou

« Le lynchage organisé de l’ambassadeur Christophe Guilhou qui n’a rien dit d’autre que ce que demandent toutes les personnes de bonne volonté, à commencer par les Camerounais eux-mêmes, en dit long sur la fébrilité ambiante des cercles du pouvoir. Auraient-ils quelque chose à se reprocher dans ces massacres », s’interroge le leader du Mrc. On se souvient que l’année dernière, en plein confinement dû au Covid-19, les rapports entre Christophe Guilhou et les partisans du Mrc s’étaient considérablement dégradés au point où une pétition lancée en ligne pour sa récusation, fut initiée depuis la France. Par ces propos apaisés à l’endroit du diplomate de l’Hexagone, on peut y voir aussi une sorte de volonté de décrisper la tension entre les deux hommes. Il est aussi vrai que la sortie récente de ce diplomate sur les massacres survenus le 10 janvier à Mautu n’est pas venue arranger les choses entre lui et les proches du pouvoir, au point où certains journaux ont pu se demander à quel jeu joue Christophe Guilhou.

Pour Maurice Kamto, la communication du représentant de Macron au Cameroun était « fort détachée, sans parti pris, condamnant non seulement les massacres eux-mêmes mais aussi les attaques indiscriminées contre les populations civiles et appelant à ce que toute la lumière soit faite sur ces crimes odieux ». Plus loin, un peu pour conforter le sens de son rapprochement avec Paris, il appelle la France « un pays ami », ce qui du reste n’est pas nouveau mais dans le contexte, il rompt avec la posture du pouvoir qui a certainement vu dans cette sortie de la France une certaine inimitié. « Que pouvait-on attendre d’autre du représentant d’un pays ami face à une telle situation », se surprend-il. Comme pour donner plus d’emphase à la sortie du représentant d’Emmanuel Macron au Cameroun, il se demande qui peut se satisfaire de ce que le quotidien de notre pays soit rythmé par de tels événements macabres! Les eaux ont visiblement coulé sous le pont, et les postures varient au gré des situations. Ainsi va la politique, la « Real politics ». Les acteurs ne sont jamais, ni définitivement amis, ni définitivement adversaires.

Léopold DASSI NDJIDJOU


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