Dans
De la démocratie en Pandémie ; Santé, recherche, éducation, qui paraît
ce 14 janvier, elle reprend le propos de Richard Horton, rédacteur en
chef de _The lance_t, pour qui l'épidémie de Covid-19 n'est pas une
pandémie mais une « syndémie », une maladie causée par les
inégalités sociales et par la crise écologique entendue au sens large,
elle montre que toutes les conditions sont réunies pour que le même type
d’épidémie se reproduise régulièrement. Si nous ne vivons pas une
pandémie, nous vivons “en Pandémie” écrit-elle, dans un nouveau
continent mental parti d'Asie pour s'étendre à toute la planète, avec de
nouvelles habitudes de vie et une nouvelle culture.
En parlant
de "pandémie", on a sidéré les esprits, on est passés dan un régime
d'exception et on a accepté des choses inacceptables. (Barbara Stiegler)
Alors
que la plupart des gouvernements ont commencé par s’enferrer dans le
déni, elle note un revirement brutal dans leurs réactions à la crise,
expliqué par la peur. Il fallait ainsi frapper fort par un confinement
total et pour éviter la flambée populaire, utiliser le moment actuel
pour faire passer en force toute une série de lois liberticides. Barbara
Stiegler dénonce ainsi une “Manufacture du consentement”n expression
qu'elle emprunte à Walter Lippmann.
Surtout, elle souligne la
nécessité urgente de mobilisation contre une vision idéaliste de
l’après. Alors que l'université est elle-même menacée par une
numérisation à tout va et après s'être engagée auprès des Gilets jaunes
puis des grévistes contre la réforme des retraites, Barbara Stiegler se
porte aujourd'hui contre les visions prophétiques d’un "monde d’après"
qui serait plus juste et plus égalitaire. Elle souligne qu’on devrait
plutôt s’attendre à un durcissement des pouvoirs dominants. La rupture
avec l’ancien monde ne pourrait se conquérir qu’au prix de mobilisations
sociales et politiques de très grande ampleur.