Je suis fatiguée de naître d’une idée,
je suis fatiguée de ne pas mourir.
J’ai choisi une feuille,
voici, c’est d’elle que je vais naître
à son image et à sa ressemblance.
Sa sève fraîche va m’envahir doucement
et ses nervures seront mes tendres reliques.
Elle m’apprendra à trembler, à grandir,
à briller dans la peine ;
puis à me détacher de la branche
comme un mot quitte les lèvres.
De cette façon simple
enfantine
dont on meurt
chez les feuilles.
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Ana Blandiana (née en 1942 à Timișoara, Roumanie) – Le blues roumain (Unicité, 2020) – Traduit du roumain par Radu Bata.