Suite à un « effort sans précédent et inédit en France par sa rapidité de déploiement », l’État a décidé de vacciner tout le moOoups on me dit dans l’oreillette que ce n’est pas du tout ce dont il s’agit mais bien de l’idée courageuse, volontariste et forcément bon marché d’informatiser les têtes blondes d’Île-de-France. Et fort bizarrement, c’est le drame.
Enfin je dis bizarrement, mais les habitués de ces colonnes savent que l’historique de l’État en matière d’informatique commande la plus ferme lucidité et que cette dernière impose un triste constat : dès qu’il y met les doigts, tout le bras y passe et c’est toujours une catastrophe.
Et non, je n’exagère pas : pour s’en convaincre, il suffira de se souvenir, comme je le faisais dans certains précédents billets, du Plan calcul, du Plan Informatique pour tous, ou plus proche de notre trépident présent, les frétillantes réussites que furent Louvois, Chorus, l’Opérateur National de Paie, la gestion informatisée des cartes grises automobiles, le cloucloud souverain et tant d’autres tentatives qui ont depuis donné à la French Tech sont délicieux parfum d’échec retentissant, avec des centaines de millions voire des milliards d’euros jetés par les fenêtres puis brûlés et éparpillés depuis des hélicoptères républicains carburant au Dom Perignon.
Et dernièrement, c’est donc l’opération francilienne de distribution d’ordinateurs aux lycéens qui semble vouloir récupérer le prix de nouvelle catastrophe informatique étatique. Si, pour une catastrophe d’ampleur biblique, il nous aurait fallu une Ségolène survitaminée, on se contentera pour celle-ci, d’ampleur régionale, d’une Valérie Pécresse absolument décidée à dépenser l’argent gratuit du contribuable francilien dans cette distribution de machines qui n’ont manifestement pas réussi à trouver grâce auprès de leurs destinataires : distribution gérée comme les masques, les tests et les vaccins, des problèmes avec le réseau wifi (ceux des établissements n’étant bizarrement pas conçu pour la charge induite), manuels électroniques trop lourds pour les performances des ordinateurs achetés, jugées trop faibles, service après-vente débordé ou mal géré par des établissements et une région désorganisés, défauts de formation des professeurs autant que des élèves, il n’a pas fallu longtemps pour que l’ensemble de l’opération soit tristement qualifiée de buggée par une presse sans tendresse.
Bien sûr, l’analyse détaillée montre que les machines ne sont pas aussi éloignées de ce qu’on aurait pû attendre, mais à 180 millions d’euros de facture totale, les cris et les grincements de dents sont finalement un peu trop audibles. Pour 340.000 machines distribuées, soit plus de 500€ par « machine gratuite », on pouvait s’attendre à mieux…
En réalité et comme je le mentionnais dans les premiers paragraphes, la propension naturelle de la bureaucratie française à se planter mollement en cramant des sommes folles, notamment lorsqu’il s’agit d’informatique, laissait clairement entrevoir le problème avant même que l’opération soit lancée.
Pour la région Île-De-France, il était donc couru d’avance que l’aventure tentée par Pécresse allait tourner au coûteux vinaigre. À titre de consolation, on pourra noter que n’ayant pas toute la puissance délirante de l’État derrière soi, on dépense un peu moins ce qui limite le dérapage en dessous du milliard.
À ce point de l’observation, on ne peut que se demander, alors que la France traverse gentiment une nouvelle bordée d’heures de plus en plus sombres de son Histoire, littéralement et métaphoriquement, pourquoi une autorité politique s’est encore une fois lancé dans une dépense somptueuse.
Ici nous explique-t-on, les zotorités voulaient vaillamment réduire une fracture numérique qui existe d’autant plus que les biens technologiques sont de plus en plus inabordables pour les classes modestes, justement ponctionnées qu’elles sont par l’État et ses engeances pour subvenir à toutes les lubies qui passent par la tête de toutes les Pécresses de nos régions, et avec ce fumet de foutage de gueule lorsque la solution imposée ne résout rien.
En effet, tout indique d’une part qu’à cause de l’inhérente et indécrottable centralisation franco-franchouille, le matériel et ses inévitables petits soucis de démarrage et de maintenance est impossible à gérer efficacement.
Peut-on en être surpris, alors que, même à supposer que la dépense était réellement indispensable, la mise à disposition d’un « chèque informatique », cantonné à l’achat d’un ordinateur répondant à quelques caractéristiques génériques, chez n’importe quel fabricant, aurait résolu ce problème : cela aurait quelque peu responsabilisé l’acheteur, stimulé la concurrence des différents fabricants voire des assembleurs locaux, proches des lycéens, en répartissant le service après-vente sur plusieurs d’entre eux en fonction des choix de chaque élève ; bref, on aurait laissé le marché gérer ce qu’il fait du reste fort bien pour les dizaines de millions de machines déjà réparties sur tout le territoire français et on aurait déchargé les régions et les établissements scolaires de cette encombrante responsabilité.
Peut-on de même s’étonner que les professeurs ne soient pas à jour pour la gestion des matériels informatiques ainsi distribués ? Est-ce vraiment le rôle de M. Chombier, prof d’Histoire en 2nd B au Lycée Pablo Nerruda de Vitry-Sur-Seine de faire de l’administration système sur ces coucous, sérieusement ?
Mais plus profondément, on doit se demander ce qui pousse ainsi les politiciens en général et Pécresse en particulier à vouloir ainsi intervenir avec des solutions éculées, maintes fois battues en brèche, pour résoudre un problème qui n’est en dernière analyse pas de leur ressort.
En fait, la réponse vient de la bouche de Pécresse elle-même lorsqu’elle déclare: « Nous sommes prêts à aider, laissez-nous faire ! »
Même s’il s’agit d’un sujet différent, la réponse s’impose d’elle-même, évidente : non, surtout pas. Ni au niveau de la région, ni au niveau de l’État !
Sacrebleu, il faut l’écrire, le dire et le répéter : vous, les politiciens, vous êtes tous nuls.
Pour distribuer du vaccin, des masques, des tests ou des ordinateurs, pour la logistique comme pour la distribution, la maintenance et le suivi de quoi que ce soit, pour la gestion budgétaire à votre niveau qu’il soit national, local ou régional, ou, pire encore, pour la création de richesse, vous êtes nuls. Pas médiocres, non. Nuls. Catastrophiques. À valeur ajoutée strictement négative. Vraiment. À chier.
La seule légitimité, le seul domaine dans lequel le citoyen peut encore vous prêter une compétence, c’est dans ce régalien dont plus aucun d’entre vous, politiciens, ne semble vouloir s’occuper et qui reste en jachère. Vous êtes nuls dans tous les domaines avec ce brio et ce panache qui caractérise les cuistres, les imbéciles, les incompétents et les parasites, et vous êtes à présent complètement à la ramasse dans le seul domaine où on vous attend vraiment.
En réalité, n’en jetez plus. Arrêtez d’aider ! Toute la France est mortellement « aidée » par toute cette encombrante classe de parasites politiques et bureaucratiques, car pour aider, ils ponctionnent (toujours plus) et s’organisent (toujours plus), se réunissent (toujours plus), se paient (toujours plus) et redistribuent, toujours à plus de gens, qui reçoivent donc toujours moins.
En définitive, le pays crève de cette cataracte de ces « aides » qui l’asphyxient, depuis les ordinateurs jusqu’au système de soins qui ne tient plus debout et paralyse le pays pour s’assurer qu’il mourra en bonne santé.
Ce pays est foutu. Arrêtez de nous aider.
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