Sarko protège les écuries d'Augias
Le Canard Enchaîné du mercredi 23 juillet 08- Hervé Liffran
Le patron de l'UMP, Patrick Devedjian, ose menacer des foudres de la justice les propres amis du Président ! Aussi, le Conseil général des Hauts-de-Seine, ancien fief de Sarko, est-il aujourd'hui à feu et à sang. Devedjian, qui préside depuis un an cette richissime assemblée départementale, a brutalement vidé son sac dans "Le Monde" du 15 juillet : "Je dérange parce que j'entends nettoyer les écuries d'Augias. Toutes les attaques dont je suis l'objet résultent de ma lutte contre la corruption".
Deux jours plus tard, le patron du "9-2", en a remis une couche dans "L'Express". Tout en protestant de sa fidélité à Nicolas Sarkozy, Devedjian à lancé : "J'ai l'opposition d'Isabelle balkany, je l'avais depuis le premier jour. J'ai l'opposition de Charles Pasqua." Et de menacer : "Il y a trois procédures judiciaires pénales lourdes diligentées dans le département. (...) Je faciliterai les investigations de la justice. Evidemment, cela ne plaît pas à tout le monde."
Cette sortie à rendu furieux Sarko. "Devedjian est un type trop rigide, s'est emporté le Président devant quelques proches. Il a déja réduit à zéro son autorité à l'UMP et il est en passe de faire la même chose dans les Hauts-de-Seine. S'il n'est pas capable de se défendre face à sa majorité, c'est qu'il n'est pas capable de la diriger. Mais ce n'est pas à moi de l'aider ou de l'enfoncer, qu'il se débrouille". On pourrait croire à une oraison funèbre ! Mais Sarko envisage plutôt d'offrir une porte de sortie à Devedjian, en lui proposant par exemple, une belle promotion au gouvernement. Cest Balkany qui serait jaloux...
Joint par "Le Canard", un conseiller de l'Elysée se montre encore plus menaçant : "Ce mec (Devedjian) prend des risques insensés. Il devrait pourtant se souvenir que la gestion de sa propre commune d'Antony n'a pas toujours été exemplaire." A bon entendeur...
Enquêtes au placard
Vice-présidente du Conseil général des Hauts-de-Seine chargée des collègues (un secteur visé par les deux enquêtes judiciaires sur des marchés truqués), Isabelle balkany bat depuis des mois le rappel de ses amis pour constituer un front anti-Devedjian.
Elle a ainsi obtenu le renfort de Charles Pasqua, ancien patron de l'assemblée départementale, et celui d'Alain-Bernard Boulanger, président de la société mixte SEM92. Une société dont la gestion a été mise en cause par Devedjian pour "une facture irrégulière de 300 000 euros" et diverses anomalies. Isabelle Balkany a également recruté un petit nouveau, du nom de Jean Sarkozy (fils de son père), qu'elle vient de faire élire à la présidence du groupe UMP du Conseil général.
En face, Devedjian se trouve bien seul pour récurer "les écuries d'Augias". Et il ne peut guère compter sur l'aide de la justice. Proche de Sarko, le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, garde balais serpillères et Code pénal soigneusement enfermés dans son placard. En témoignent une demi-douzaine d'enquêtes préliminaires qui traînent en longueur, parfois depuis des années, sur la gestion du Conseil général des Hauts-de-Seine et sur les finances de la commune de Levallois-Perret, fief personnel d'Isabelle Balkany et de son cher mari, Patrick.
Augias peut dormir tranquille...
http://inventerre.canalblog.com/archives/2008/07/24/10020773.html