Invitée à présider la cérémonie de lancement de ce réseau, le ministre des Postes et Télécommunications dénonce des «insuffisances règlementaires» et reproche au top-management de la Cameroon Télécommunications d’avoir foulé au pied les directives de sa tutelle dans le cadre de la mise en œuvre dudit réseau.
Le ciel n’est pas si bleu entre la Camtel et le Minpostel ! La connexion entre l’ « opérateur historique de téléphonie mobile au Cameroun » et sa tutelle, est visiblement faite d’interférences qui rend la ligne surchargée et moins fluide que l’on aurait souhaité. A l’origine de cette connexion brouillée, le lancement à problème des activités du réseau mobile de la Cameroon telecommunications baptisé «Blue». Initialement prévue ce mercredi 13 janvier 2021, la cérémonie qu’on annonçait à grandes pompes va finalement accoucher d’une souris. Du moins si l’on s’en tient à l’ambiance suffisamment délétère qui anime les rapports entre les deux instances à la veille dudit lancement.
Si Camtel estime donner toutes les garanties pour rassurer les potentiels abonnés de « Blue » en matière de fiabilité et de sécurité que proposent son nouveau bébé, le Minpostel, lui, estime que la progéniture connaît encore de nombreux balbutiements. Toute chose qui hypothèque son entrée dans le grand bain des opérateurs mobiles déjà sur le marché mais aussi la crédibilité dont elle prétend jouir précocement.
C’est donc fort de toutes ces réserves que Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et des télécommunications, n’est pas passée par quatre chemins pour marquer sa désapprobation dans une lettre adressée le lundi 11 janvier 2021 à la directrice générale de Camtel, Judith Yah Sunday, tel que nous le rapportent nos confrères du site d’informations spécialisées Investir au Cameroun. Dans une démarche qui frise la prudence, le gouvernement par la voix de la patronne du Minpostel, déplore des «insuffisances règlementaires notoires», et l’absence d’un business plan pour la mise en œuvre de ce réseau mobile. Autrement dit Libom Li Likeng se refuse de marquer son accord pour un projet qui a tout l’air d’un bricolage à la camerounaise. Par conséquent, l’ancienne directrice des Douanes qui a reçu une invitation le 7 janvier 2021 pour présider au lancement des activités de la très attendue «Blue», préconise formellement son ajournement.
Neutralité et transparence
«Dans un courrier reçu le 7 janvier 2021, vous m’invitez à présider le lancement du mobile pour le 13 janvier 2021, sans rendre compte de la levée des réserves formulées au cours de la réunion du 16 décembre 2020. Tout ceci ne permet non seulement pas d’assurer une entrée réussie de l’opérateur historique dans le segment de la téléphonie mobile (pourtant tant attendue), mais aussi de rassurer les acteurs du secteur sur la neutralité, la transparence, la non-discrimination et l’objectivité de Camtel à gérer les segments de monopole de fait (fixe, transport)», écrit-elle à Judith Yah Sunday.
Dans la foulée, Libom Li Likeng déplore par ailleurs le non-respect par le top-management de Camtel, des directives du gouvernement, lorsque lui ont été attribuées trois concessions d’exploitation des réseaux mobiles, d’exploitation des communications électroniques fixes, et d’exploitation d’un réseau de transport des communications électroniques, le 4 mars 2020. Parmi ces directives, le gouvernement prescrivait «la mise en place d’un continuum organisationnel ouvert, avec la création en son sein des business units, en fonction de chacun des titres d’exploitation attribués », rappelle Libom Li Likeng qui regrette par ailleurs, « qu’en lieu et place de la business unit mobile», Judith Yah Sunday a préféré «une task-force de 170 personnels (…) sans aucune précision sur les missions et les aspects liés à la gestion de cette unité», apprend-on. Comme si cela ne suffisait pas, le commissaire aux comptes de Camtel a relevé un nombre important d’irrégularités, notamment les obstructions au contrôle de la gestion de l’entreprise; l’immaturité avérée des projets de l’entreprise; des entorses aux dispositions relatives aux nominations des personnels par la direction générale, lesquelles sont de nature à «compromettre le climat social au sein de l’entreprise…», conclut le Minpostel. De quoi doucher les ardeurs de Camtel déjà engagée dans une campagne de promotion des activités de ce 4e opérateur de téléphonie mobile, vantant au passage ses offres de service dans un environnement fortement concurrentiel.
Retard à l’allumage
Faut-il en conclure qu’il y’a retard à l’allumage dans cette nouvelle page qui s’ouvrait pour l’entité publique des télécommunications ?Il y’a en tout cas des raisons de le croire car si Camtel va continuer le développement du téléphone fixe et l’exploitation de la fibre optique, la grande innovation reste l’obtention d’une licence pour le développement du téléphone mobile, dont les termes de la concession en font ipso facto, le nouvel opérateur de téléphonie mobile avec autorisation de déployer la 4G. Des nouvelles missions qui vont au-delà du CtPhone, une technologie mobile sur Cdma et non sur Gsma déployée par l’entreprise il y a une quinzaine d’années en partenariat avec la firme chinoise Huawei qui ne couvre que
les villes et quelques zones périurbaines.
Just wait !