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Mémoires de Viet Kieu T4, Les engagés de Nouvelle-Calédonie, la chronique qui se souvient

Publié le 12 janvier 2021 par 7bd @7BD

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Mémoires de Viet Kieu T4, Les engagés de Nouvelle-Calédonie, une BD sur une page oubliée de l'histoire

Mémoires de Viet Kieu T4, Les engagés de Nouvelle-Calédonie, la chronique qui se souvient


Série : Mémoires de Viet Kieu
Titre : T4, Les engagés de Nouvelle-Calédonie,
Auteur : Clément Baloup (scénario et dessins)
Éditeur : La boîte à bulles
Collection : Contre-coeur
Année : 2020
Page : 64

Résumé d'un regard sur le passé:

Sur les routes de Nouvelle-Calédonie, une voiture roule, transportant trois hommes, une personne âgée, son petit-fils et un dessinateur, Clément. Au travers de leur périple, remontent trois histoires, celle de Thi Gia, jeune Indochinoise qui s'embarque pour la Nouvelle-Calédonie afin de travailler pour la France en 1938, celle de Van Bach ouvrier exploité en Nouvelle-Calédonie qui va voir se développer les protestations des travailleurs forcés, et un point d'histoire sur comment s'est reconstruite la communauté Indochinoise après la fin de la guerre. Pour finir en revenant à ces trois voyageurs qui atteignent leur destination.

Scénario de moments d'histoire:

Si la BD démarre sur une vue du Caillou, autre nom donné à la Nouvelle-Calédonie, elle enchaîne rapidement sur ce que furent les conditions de travail de tous ces émigrés, plus ou moins forcés, originaires d'Indochine, qui vinrent travailler au développement des mines de Nickel et d'autres minéraux pour la France. On a l'impression au fur et à mesure des pages que les droits de l'homme ne s'appliquent pas à tous les hommes.
Tous ces travailleurs qui rêvaient de richesse vont vite déchanter. S'ils étaient payés, même un salaire supérieur à ce qu'ils pouvaient gagner dans leur pays (colonisé par la France, ceci dit en passant), les conditions étaient terribles : surveillés, brimés, fouettés, ils ont plus vécu comme des bagnards condamnés aux travaux forcés que comme des ouvriers Français. Et ce pour cinq ans. Les trois récits que l'on nous raconte, les quatre en comptant ce voyage en voiture à travers le pays, fil conducteur se déroulant de nos jours, nous donnent un aperçu de cette histoire de France qui ne fleurit pas dans nos manuels scolaires.
Les tranches de vie concernant Thi Gia et Van Bach sont édifiantes. Parfois les choses se terminent bien, mais parfois, elles se terminent mal. A travers cette série, Clément Baloup effectue un véritable devoir de mémoire et revient sur un passé peu glorieux, mais ainsi, il permet de remettre en avant tout ce que ces hommes et ces femmes ont subi et le lourd bagage qu'ils portent aujourd'hui, au-delà des générations.
Je regrette presque que la troisième Histoire, celle faisant le point sur les années suivant 1946, ne soit pas vu par le regard d'un témoin. On a bien sûr des faits historiques et leur influence sur le quotidien de ces engagés pas toujours volontaires, mais il me manque un personnage pour faire le liant.
L'émotion revient quand on retrouve le vieil homme et les deux autres voyageurs qui arrivent au terme de leur route. Un autre moment fort de cette BD. La vie d'une personne qui évoque celle de milliers de personnes à travers un souvenir, un hommage.
Un moment où l'auteur se met en scène lui-même, témoin d'une situation émouvante où le passé marque le présent à jamais.
Le récit se conclut sur une postface de Tess Do, Maître de conférence en études françaises à Melbourne, Australie.

Mémoires de Viet Kieu T4, Les engagés de Nouvelle-Calédonie, la chronique qui se souvient

Le dessin en touches lumineuses et colorées:

Clément Baloup nous offre un voyage dans le temps mais aussi dans l'espace puisque tout se passe sur cette île de Nouvelle-Calédonie. La première page nous entraîne dans un dessin stylisé, où l'aquarelle apporte les couleurs par touche. La mer aux bleus violacés, rehaussés de blanc, donnant sur des montagnes sombres, sous un ciel nuageux, donne une ouverture magnifique. Les personnages semi-réalistes nous plongent dans ces lieux et dans la difficulté de ces situations.
Les décors se parent d'un jeu de couleurs créant des ambiances très belles, très douces, contrastant fortement avec la dureté de ce que vivent les protagonistes.
La mise en scène nous permet d'aller des vues sur l'île, les montagnes, la mer à des plans plus serrés sur les protagonistes des histoires, leurs douleurs, leurs luttes. En restant sur l'humain, mais en le replaçant dans ces paysages, Clément Baloup colle à l'histoire et à l'émotion tout en gardant le côté grandiose de cette île, qui ajoute à l'isolation des personnages, loin de leurs pays.

Conclusion d'une BD de mémoires:

Les Engagés de Nouvelle-Calédonie nous ramène dans l'après-guerre en Nouvelle-Calédonie, cette BD redonne la parole à ces travailleurs moitié ouvriers, moitié esclaves partis loin de chez eux pour servir un autre pays sur une île du bout du monde. Cette démarche visant à nous rappeler le passé est essentielle pour mieux appréhender le présent.

Zéda rencontre Van, un des engagés de Nouvelle-Calédonie au destin tragique.

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