Madre // De Rodrigo Sorogoyen. Avec Marta Nieto, Jules Porier et Alex Brendemühl
Une disparition et tout votre monde s’écroule. C’est ce que vit Elena lorsque son fils de six ans disparaît un jour sur une plage vers Hendaye. Rodrigo Sorogoyen prouve une fois de plus que son cinéma aime exorciser quelque chose et ici il se penche sur le ressenti d’une mère qui a perdu son enfant et comment cela va exacerber certaines de ses émotions humaines. Le suspense que Madre créé du début à la fin n’est pas ce qu’il y a de plus important, ce n’est même qu’une excuse pour aller plus loin dans les sentiments et ce qu’elle vit elle-même comme traumatisme. Le plan séquence ouvrant Madre est quelque chose qui m’a scotché dès le départ au récit. On suit la détresse d’Elena (avec sa mère) alors qu’elle a son fils au téléphone. Cette scène est bouleversante et permet alors de placer le spectateur directement dans un récit qui ne va pas prendre de pincettes avec nous si ce n’est qu’il se veut délicat dans sa façon de traiter la relation entre Elena et Jean, le jeune ado qu’elle va rencontrer et en qui elle retrouve beaucoup de son fils. Dix ans plus tard, après la disparition de son fils, Elena est en quête de réponses. Elle est dévastée et s’accroche à la vie pour découvrir ce que son fils est réellement devenu.
Dix ans se sont écoulés depuis que le fils d’Elena, alors âgé de 6 ans, a disparu. Dix ans depuis ce coup de téléphone où seul et perdu sur une plage des Landes, il lui disait qu’il ne trouvait plus son père. Aujourd’hui, Elena y vit et y travaille dans un restaurant de bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode, sa vie suit son cours tant bien que mal. Jusqu’à ce jour où elle rencontre un adolescent qui lui rappelle furieusement son fils disparu…
Madre ne veut pas répondre à cette question et laisse donc planer le doute ce qui peut être frustrant mais le but n’était clairement pas un polar à la Broadchurch mais plus une étude du comportement humain face à ce genre d’événements. Madre est donc un drame poignant filmé avec beaucoup de sobriété par Rodrigo Sorogoyen. Il mélange à la fois les gros plans et les grands angles pour marquer une distance entre les personnages mais aussi pour montrer par moment l’impact des émotions sur son héroïne. Je ferais une seule remarque sur Madre et c’est probablement sur Jules Porier. Ce dernier n’hérite pas toujours des meilleurs dialogues. On sent que le scénariste a eu du mal à recréer ce qu’un adolescent de son âge pouvait réellement penser. Sa grande révélation c’est Marta Nieto, qui incarne Elena. Elle brille à chacune de ses scènes. Plus le film avance et plus il ajoute du suspense pour simplement creuser les émotions et la psychologie de son héroïne. Je pense notamment à la scène dans la voiture filmée avec un téléphone portable qui rend l’expérience encore plus terrifiante et angoissante, mais pas à la manière d’un polar non plus. Madre est l’un des meilleurs films de 2020 et je regrette de ne pas l’avoir vu auparavant.
Note : 9/10. En bref, une brillante exploration de la perte d’un être cher et de drame psychologique sur fond de faux polar.
Sorti le 22 juillet 2020 en France. Disponible en VOD.