Depuis que dans un rêve il s’était vu mourir à l’intérieur d’un théâtre de province aux plâtres abimés et aux dorures rococo, Yevkine enchainait les représentations avec sa troupe itinérante dans toute l’Ukraine. Ils jouaient Boulgakov six soirs par semaine et le reste du temps ils roulaient sur des axes délabrés, des routes même pas secondaires, un réseau de saignées vaguement goudronnées reliées entre elles par des intersections sans éclairages ni signalisations. Mais toujours Yevkine haranguait sa troupe, enthousiaste et jamais rassasié de l’espoir de retrouver le théâtre rêvé où enfin il pourrait jouer sa dernière représentation.