Charlie's Angels

Publié le 11 janvier 2021 par Hunterjones

 Drôles de Dames au Québec. 


Après le succès télé de la série Police Woman, débutée en 1974, la toute première mettant 100% en vedette une actrice dans le premier rôle, les producteurs télés des États-Unis veulent surfer sur la vague payante. 

Aaron Spelling et Leonard Goldberg travaillent avec les auteurs Ivan Goff & Ben Roberts (tous des hommes...) sur une série qui mettrait en scène trois agentes spéciales d'interventions justicières. La série est complètement calculée en fonction de Kate Jackson, qui sera même, un temps, superviseure au contenu. Jackson a été découverte dans la série The Rookies. On lui offre le rôle de la séduisante Kelly Garrett, mais elle préfèrera celui de la stratégique Sabrina Duncan. Farrah Fawcett n'aura pas plus d'audition, elle est choisie par Spelling qui la trouve rayonnante dans Logan's Run. Elle sera Jill Munroe. 


Ce sera différent pour Jaclyn Smith. On a la brune et la blonde, on voulait une rousse. She Spies, légère copie de Charlie's Angels, plus de 30 ans plus tard, rencontrera le même problème, quand la série engage deux blondes. On optera pour la fille à la peau noire. Mais restons avec nos Drôles de Dames. Smith a une si belle chimie avec Fawcett et Jackson, elle est choisie pour incarner Kelly Garrett, qui, après tout, est le personnage (presque) principal du trio. Pour jouer le patron qu'on ne verra jamais, Gig Young se présente si intoxiqué qu'il ne peut pas lire ses lignes correctement. John Forsythe est engagé d'urgence et enregistre toutes ses lignes dans la nuit, en pyjama. David Doyle jouera John Bosley, leur homme de terrain. 
En croisant les idées de The Avengers et Honey West, on écrit The Alley Cats. Trois filles combattant le crime, principalement dans les ruelles de Los Angeles, avec des fouets et des chaînes. Jackson désapprouve et propose The Angels en voyant trois anges de plâtre dans le bureau de Spelling. On s'entend sur Harry's Angels, un patron qu'on entendra mais ne verra jamais. Mais "Harry" est déjà surutilisé à la télé comme au ciné. Harry devient Charlie. Les trois agentes sont des finissantes de l'école de police ayant échoué leur test final, mais recrutées pour être agentes très spéciales. 

Le pilote est mis en onde le 21 mars 1976, à 22h00. Les cotes d'écoute sont fabuleuses. La station, qui trouvait l'idée si conne au départ, n'y croit pas. Elle rediffuse le même épisode un peu plus tard, la même année, à une autre heure. Les cotes d'écoutes sont meilleures encore. La première saison sera un immense succès. 


Mais c'est Farrah Fawcett qui retient le plus l'attention. Elle veut capitaliser la dessus et choisit de quitter après la première saison. La station (et Spelling) la poursuivent pour bris de contrat. On s'entendra pour quelques présences (6) de son personnage dans les saisons suivantes. On engagera la chanteuse devenue actrice Cheryl Ladd pour la remplacer, Ladd incarnant sa plus jeune soeur, Jill Munroe, aussi finissante de l'école de police de Boston. 

La stabilité du personnel ne fait que commencer à se fragiliser. Et Jackson et Ladd seront chien et chat.


La saison II perd de son auditoire. Jackson accuse aussitôt Ladd, avec laquelle elle ne s'entend pas du tout, d'en être la cause. La troisième saison sera plus dramatique dans la chute des cotes d'écoute. Jackson accuse maintenant les scripts d'être trop axés sur un côté comédie qui ne sied pas la série comme il le devrait. De plus, on lui offre le rôle de Joanna Kramer pour le film de Robert Benton avec Dustin Hoffman. Mais les producteurs de la série refusent de réorganiser leur horaire de tournage pour Benton. Non seulement le rôle ira à Meryl Streep, mais elle rafle l'Oscar de la meilleure actrice pour le rôle et le film, celui du meilleur film. Le film fera le tour du monde. Jackson est de plus en plus amère et insupportbale sur le plateau au point de se faire limoger sans remords au terme de la troisième saison.
Pour la remplacer dans la saison IV, on pense à Barbara Bach (miss Ringo Starr), Connie Sellecca, Shari Bellafonte, Dian Parkinson ou Michelle Pfeiffer. Ce sera finalement la porte parole du parfum Revlon, Shelley Hack, dont le parfum s'appellera Charlie, qui sera choisie. Pour la première fois, deux blondes et une brune. Mais la saison IV fait aussi encore plus patate. Dernière arrivée, elle est aussi la première sacrifiée pour la saison V.
Jayne Kennedy, Susie Coehlo, et plusieurs inconnues passent en audition pour remplacer Hack. Ce sera la mannequin et ancienne instructeur de danse Tanya Roberts qui sera choisie. On revient aux deux brunes et à la blonde. Mais les personnages ne sont plus que des concepts ratés. Toujours scénarisés, produits, dirigés par des hommes. La série est annulée au terme de la cinquième. Jaclyn Smith étant la seule ayant navigué toute la durée.
Il y a 10 ans, on tente de faire renaître la série avec un casting plus jeune de chaque personnage. John Bosley est même un hacker cette fois. Bien qu'on commande 13 épisodes, qu'on en tourne 8, après le 7ème, la station télé choisit de retirer la série. Qui ne rapporte rien pour eux.  Et ne marque aucun imaginaire. 

Drew Barrymore et Elizabeth Banks font davantage avec une franchise de films reprenant les idées autour de la série des années 70-80.

Série originale dont le dernier épisode était diffusé en juin sur ABC, il y a 40 ans, cette année. 

Il y a une semaine, jour pour jour, Tanya Roberts, 65 ans, tombe de son lit et n'arrive plus à s'en relever, prise de maux de ventres et de ce qui semble des crampes intestinales. Elle mourra d'empoisonnement sanguin. Elle est déclarée morte.