Il me semble que, dans la tradition française, pour des hommes pas problème car, pour eux, l'enseignant était un " sujet de culture " : pas simplement un " acteur scolaire ", mais bien un sujet dont la mission - et pas simplement la fonction sociale - était de transmettre une culture stabilisée - les " humanités " -, afin d'assurer le lien transgénérationnel et de préparer une société future, plus juste et raisonnable parce que plus cultivée. Cela n'était pas vraiment discutable dans le champ académique : seuls les pédagogues libertaires osaient, de temps en temps, contester ces " évidences ".
La diversification sociologique du recrutement alliée à l'individualisme social, qui les touche tout autant que les autres catégories de la population, semblent assez
L'enseignant traditionnel s'inscrivait donc dans une institution qui, par sa verticalité même, lui fournissait une identité tout autant culturelle qu'institutionnelle, est loin de se réduire à la transmission du " lire, écrire et compter ". Ainsi, c'est la musique chorale. Pourquoi tous ces accessoires ? " Et il répond : " Parce qu'ils
Le phénomène est alors d'autant plus préoccupant qu'il s'accompagne - corrélation ou causalité ? - d'une évolution sur laquelle on n'insiste pas suffisamment à mes yeux. En effet, ceux qui, comme moi, s'intéressent à l'évolution du métier de l'enseignant depuis cinquante ans, sont frappés par un paradoxe : alors que chacun reconnaît l'importance, en particulier pour une démocratisation authentique du système scolaire, de la "professionnalisation des enseignants ", on observe, en parallèle, la montée insidieuse d'une " prolétarisation " des mêmes enseignants.
Professeur émérite des universités, Université Lumière-Lyon 2 (texte retravaillé avec la collaboration de Marlène Lebrun)
Éléments de conclusion de la Journée d'études scientifiques à la HEP-BEJUNE, 30 mai 2018, Bienne (CH) "La question de l'identité et de la formation culturelles