Un jour, vous allez voir profondément que tout ce que vous devez faire, ça va vous fatiguer. Vous allez être trop fatiguée pour faire quoi que ce soit, y compris pour être légère, y compris pour êtretriste. Vous allez voir que tout ça c'est une activité qui vient uniquement quand vous prétendez avoir une histoire, avoir un passé et avoir un futur. On peut voir tout ça comme étant un concept. C'est une maturation qui ne dépend pas d'un quelconque faire et qui ne dépend pas du temps. Alors le mot maturation est faux. Évitez de vouloir le comprendre, parce qu'on ne peut le comprendre que dans le temps et c'est faux ; la maturation est dans l'instant. Vous êtes condamnée à cette maturation. Le seul ajournement possible, c'est d'essayer d'être mûr, par la pensée, par l'action ou par l'émotion. Ça c'est un sac sans fond. Vous allez être plus sage tous les jours, plus libre tous les jours : c'est une misère constante. Vous ajournez constamment l'essentiel. À un moment donné, vous ne cherchez plus à être moins ceci et plus cela, à être sans peur, à être sans désir : vous ne cherchez rien. On peut appeler cela une forme de respect, un respect pour la réalité, pour ce qui est là dans l'instant. C'est le respect pour l'essentiel. L'essentiel ce n'est pas quelque chose qui est caché derrière l'apparence - ça ce sont de belles histoires indiennes - l'essentiel c'est ce qui est là, c'est ce que vous sentez dans l'instant. Il n'y a rien d'autre que ça. Là il n'y a rien à comprendre, il n'y a tout simplement rien. C'est ça qui se reflète comme légèreté qui apparemment surgit quand les situations conviennent à votre idéologie et qui apparemment s'élimine quand les situations ne correspondent pas à votre plan pour l'humanité. À un moment donné, vous arrêtez de vous prendre pour Dieu et de vouloir régler les problèmes de l'humanité - ou le vôtre, parce que c'est le même. C'est une histoire dans les deux cas.
Éric Baret
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