La grande épreuve, d'Étienne de Montety

Publié le 09 janvier 2021 par Francisrichard @francisrichard

L'office est sur le point de se terminer. Le père Tellier vient de ranger le ciboire dans le tabernacle, il a vidé les burettes, nettoyé le calice et les coupes sur l'autel, et s'apprête à gagner la sacristie quand Daoud Berteau et Hicham Boulaïd surgissent. Ils sont vêtus de djellabas.

C'est ainsi que se termine le prologue du roman d'Étienne de Montety. Dès le départ le lecteur sait donc à quoi il peut s'attendre, s'il a présent à la mémoire l'assassinat, par des djihadistes, du père Hamel dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016.

Dans l'assistance à cette messe de 9 heures, un 4 août, fête de Saint Jean-Marie-Vianney, en l'église de Brandes, il y a devant le père Tellier cinq religieuses, les Petites Soeurs, qui sont pour la plupart âgées. Parmi elles, Agnès est la plus jeune, la plus énergique.

À ces quatre personnes il faut ajouter une cinquième, Frédéric Nguyen, qui ne fait son apparition sur les lieux, qu'à la fin de l'épilogue mais qui est l'un des protagonistes de La grande épreuve, à laquelle ils sont confrontés au bout de leurs vies antérieures.

Car ce roman est leur histoire. Il s'agit pour Étienne de Montety de comprendre comment et pourquoi ces cinq personnes se sont retrouvées là, ce jour-là. Il observe minutieusement leurs existences et documente leurs évolutions. Il ne les juge pas. Il laisse cela au lecteur...

Georges Tellier, après avoir fait la guerre d'Algérie, est devenu prêtre. Dans les années 70, Agnès, à vingt-sept ans, a choisi de devenir religieuse, pour ne pas mener l'existence fade et conventionnelle de ses parents. Poussé par Audrey, Frédéric est entré dans la police.

Avant de redevenir Daoud, David a été adopté par Laure et François. Son physique trahit ses origines auxquelles il revient peu à peu avant d'en être un représentant extrême. Quant à Hicham, après être sorti de la délinquance, il trouve son salut dans un islam pur et dur.

Expliquer un tel crime religieux, comme le fait l'auteur, n'est pas le justifier. Peut-être cela donne-t-il les clés pour empêcher sa commission. C'est du moins ce que le lecteur espère après que lui ont été détaillés le comment et le pourquoi des engagements qui y conduisent.

Francis Richard

La grande épreuve, Étienne de Montety, 306 pages, Stock