La Galerie Schwab Beaubourg, à Paris, jusqu’au 23 janvier, propose une exposition du peintre bosniaque Safet Zec.
Que ce soit des objets familiers, des façades de maisons, des silhouettes humaines, les thèmes de Safet Zec sont toujours bouleversants.
Bien sûr, il y a la virtuosité du peintre. Admirable. L’anatomie de ces mains, par exemple, ou la perfection de ces drapés. Mais, une fois cette extraordinaire maîtrise admise, on peut se tourner vers bien d’autres qualités de l’artiste (ce qui n’est pas le cas de beaucoup de peintres réalistes pour qui seule la technique tient leur œuvre debout).
Du travail de Safet Zec se dégage une mélancolie, pour le moins. Le plus souvent, une souffrance, des tourments difficilement supportables. Ses toiles racontent des drames, des secrets de vie. Avec une palette plutôt économe et sombre, faite de couleurs de terre et de poussière, elles touchent par leur humanité humble. La seule lumière qui éclaire le plus souvent les scènes représentées, c’est le blanc. Un extraordinaire blanc fait de gris, de beiges, de bruns…Les étoffes que le peintre habille de ce blanc sont de mort ou d’amour. Linceul, tunique sensuelle ou draps froissés du lit…
Avec cet artiste, on hésite entre le sacré et le quotidien le plus modeste. Les toiles évoquent les grandes figures de la chrétienté ou de la mythologie…Mais aussi, parfois, une façade en lambeaux, un meuble, une fenêtre, une barque… Je crois que l’émotion vient de cela: est-on dans le réel ou déjà dans le souvenir ou peut-être même dans la mort? Les silhouettes disparaissent en partie dans le papier journal encollé sur la toile. Les corps flottent. Ils sont en apesanteur. Des apparitions.
Vous pouvez agrandir les visuels en cliquant dessus