" J'ai quitté un très beau poste pour faire de la politique. " (Agnès Buzyn).
C'était pendant la campagne des municipales à Paris l'an dernier, et elle ajoutait : " Ce n'est pas pour arrêter de sitôt. ". Et pourtant, depuis des mois, il semblait acquis qu'elle ne resterait pas en politique. Le 2 décembre 2020, la présidence d'Universcience (le Palais de la Découverte et la Cité de la science et de l'industrie à la Villette), vacante depuis le 30 juin 2020, lui a "échappé". Alors, l'OMS...
C'est comme cela qu'on peut observer le sentiment, ou plutôt, le ressentiment antipatriotique dans notre pays. Moi, quand j'ai appris le 5 janvier 2021 que l'ancienne Ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn venait d'être nommée, la veille, à un poste important à l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), j'ai éprouvé un sentiment de fierté, cette fierté nationale de voir qu'une organisation internationale de prestige a cru bon de recruter pour un haut poste à responsabilité une citoyenne française. Peut-être, finalement, que la fierté nationale est un sentiment désuet, et je l'entends bien, je me sens Français mais aussi Européen et avant tout Humain (genre habitant de la planète Terre).
J'ai eu cette même fierté quand une autre ancienne ministre française, à la compétence mondialement reconnue, Christine Lagarde, a été nommée successivement directrice générale du Fond monétaire international (FMI), puis présidente de la Banque centrale européenne (BCE). D'ailleurs, si son action à la BCE est encore difficile à juger car c'est trop tôt, celle au FMI est instructive, elle a su doser les contraintes multiples pour trouver les équilibres les plus pertinents possible.
Paradoxalement, je sens bien que ceux qui critiquent Agnès Buzyn, ceux qui s'en prennent encore à elle alors que par cette nouvelle mission, elle démontre qu'elle a quitté définitivement la vie politique, je sens bien qu'ils revendiquent une sorte de patriotisme déplacé, ils militent pour la grandeur de la France mais à chaque fois que celle-ci s'exprime, à chaque fois que son excellence s'exprime, ils la fustigent, ils la condamnent, ils la conspuent. Comment peut-on être les meilleurs vecteurs de l'anti-France si ce n'est en systématiquement la critiquant, la cassant, la dénaturant, la "défaitisant" ?
Oui, la France est l'une des puissances médicales du monde, et compte parmi les meilleurs chercheurs médicaux au monde. C'est dans notre pays que Pasteur a démontré l'intérêt du vaccin et de la vaccination. Ceux qui aujourd'hui encore critiquent la France pour son supposé retard dans la recherche du vaccin contre le covid-19 devraient se méfier du temps long. Le vaccin français sera probablement le meilleur à long terme, lorsque la pandémie sera éteinte et qu'il s'agira d'éviter d'en faire exploser une nouvelle. Et la recherche d'un vaccin avec cette technologie "classique" est toujours longue, plutôt quatre ans qu'un, et s'il arrive à maturité à la fin de cette année 2021, ce sera une chance et surtout un exploit scientifique. Cela n'empêche pas qu'il faut aussi saluer la mise sur le marché de vaccins à technologie tout à fait exaltante, à ARN messager, qui, par leur conception, permet un développement et une production beaucoup plus rapides, ce qui permet de protéger plus rapidement les personnes et sauver les vies en pleine pandémie.
Les deux ne sont donc pas des rivaux, ni des adversaires, ce sont des vaccins complémentaires. Arrêtons sans arrêt de dénigrer la France, ce sont des gens qui détestent la France qui la dénigrent systématiquement. Les parents qui adorent leur enfant diront toujours qu'il est le plus beau, le plus intelligent, le plus fort, parce que si les parents ne le disent pas, personne ne le dira, que ce soit vrai ou faux, et d'ailleurs, on s'en moque, l'idée, c'est que l'enfant se sente aimé, se sente encouragé, qu'on lui donne une confiance en soi qui ne va jamais de soi.
Eh bien, j'ai le sentiment de plus en plus vérifié que la France est peu aimée par ceux des Français se revendiquent faussement des patriotes. Pas besoin de le revendiquer quand on l'est vraiment : pas besoin de dire qu'on aime la France quand on l'aime, il suffit de l'aimer, et les preuves d'amour, il y en a de nombreuses, et ce n'est certainement pas de la dénigrer matin, midi et soir.
La mission confiée à la professeure Agnès Buzyn n'est pas mince, n'est pas un placard : elle sera l'envoyée spéciale du directeur général de l'OMS dans les grandes organisations internationales, sa représentante auprès du G7, auprès de l'Union Européenne, aussi auprès de la Fondation Bille et Melinda Gates.
Arg ! Pauvre de moi ! Horreur et malédiction ! Je viens de citer Bill Gates qui est pourtant l'une des rares personnes à avoir aussi bien mérité sa fortune et, en même temps, à la dépenser avec un humanisme que j'aimerais voir auprès de ses dénigreurs. Bill Gates, grâce à sa fortune, a fait bien plus d'actions en faveur de la santé mondiale que bien des États souverains que certains estiment "riches", il a déjà sauvé des millions de vies humaines dans le monde par son aide à la vaccination et au développement de traitements contre certaines maladies. Je referme cette parenthèse car il y aurait encore beaucoup à écrire sur le sujet.
La mission d'Agnès Buzyn est même fondamentale pour l'avenir de l'humanité. Bon, écrit comme cela, cela peut sentir l'exagération, c'est vrai, mais lisons bien sa description de poste : " Elle aura comme priorité de promouvoir la santé au plus haut niveau, de mobiliser les dirigeants politiques, de renforcer la participation de l'OMS au sein des forums internationaux et de coordonner, en interne, les efforts de l'Organisation en matière de diplomatie sanitaire. " (5 janvier 2021). L'expression est lâchée, " diplomatie sanitaire" ! Oui, une mission stratégique, car la pandémie du covid-19 a révélé un véritable besoin de coordination mondiale dans la lutte contre cette saleté de coronavirus SARS-CoV-2. Même l'introduction de la taxe aérienne proposée par Jacques Chirac aurait pu être un peu plus admise dans le monde avec la mise en place d'une telle coordination à l'échelle internationale.
Je ne connais pas Agnès Buzyn personnellement mais je comprends vite que parmi les motivations de ceux qui la critiquent, il y en a certaines qui sont plus que glauques et douteuses, dignes des années 1930 (inutile d'insister sur le sujet). Dans les réseaux sociaux, à l'annonce de la nomination d'Agnès Buzyn, il y a eu un déversement de boue particulièrement honteuse. Sur Twitter, Senez Ktrin s'en est même indigné : " Elle est surtout un médecin qui a remis sa blouse immédiatement pour aller soigner les gens. Tous les bons à rien qui s'expriment ici n'en ont pas fait la moitié. Ils me donnent envie de vomir. " (5 janvier 2021).
Mais évitons de vomir et soyons positifs et constructifs. J'ai beaucoup d'admiration pour Agnès Buzyn, elle est une femme courageuse, travailleuse et un tempérament très fort. Ses contempteurs ne lui arriveraient pas à la cheville si jamais on voulait faire des comparaisons (toujours oiseuses) de bilans de vie...
Qu'Agnès Buzyn fût une mauvaise candidate à la mairie de Paris, en mars 2020, c'est incontestable ! Il faut dire qu'en reprenant la barre après le départ précipité de Benjamin Griveaux, c'était mission impossible pour le mois de campagne qui lui restait. Mais l'OMS ne cherchait pas un bon candidat à la mairie de Paris, l'OMS cherchait un bon médecin, connaissant excellemment la santé publique, ce qui est le cas d'Agnès Buzyn qui a un CV particulièrement prestigieux avant d'avoir été ministre.
Universitaire et médecin hospitalière spécialisée en hématologie, elle a dirigé de nombreuses organisations de santé publique : après avoir été membre du conseil médical et scientifique de l'Établissement français des greffes, de l'Agence de la biomédecine, du conseil scientifique de l'Établissement français du sang, du comité de l'énergie atomique du CEA, du conseil d'administration de la Société française de greffe de moelle et de thérapie cellulaire, elle fut présidente du conseil scientifique de cette dernière, présidente de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), présidente de l'Institut national du cancer, vice-président du Centre internationale de recherche sur le cancer, présidente du collège de la Haute Autorité de santé (HAS), etc. Bref, que ceux qui ont déjà travaillé autant au service de la santé des Français lui jettent la première pierre !
Je n'ai pas été toujours d'accord avec Agnès Buzyn, sa position sur la situation de Vincent Lambert m'a paru très ambiguë, la loi de bioéthique qu'elle a défendue me semble beaucoup trop transgressive, mais je reconnais sa grande compétence médicale, même, j'insiste, sur le début de la gestion de la crise sanitaire. D'abord, elle a eu l'intuition que ce coronavirus allait prendre une importance essentielle, pendant que certaines prétendues "sommités" (médicales) parlaient de " grippette" sans importance circoncises à la seule Chine. Ensuite, elle a bien géré les premiers foyers de contamination, dans l'Oise, en Haute-Savoie et aussi en Bretagne. En France, l'épidémie est partie d'Alsace, pas de ces premiers foyers.
Certes, son départ du gouvernement alors que la pandémie couvait pourrait étonner, et je pense que sa motivation n'a justement pas été de conquérir la mairie de Paris, mais de quitter le gouvernement pressentant la gravité de la crise sanitaire. Qui le lui reprochera ? Il faut être fort, en grande forme physique et psychologique, insubmersible, pour faire ce que son successeur Olivier Véran, également médecin hospitalier comme elle, fait depuis le mois de février 2020 : qui lui reprochera de ne pas en avoir eu le courage après déjà trois années à son ministère particulièrement stressantes puisque menant les projets les plus polémiques du quinquennat du Président Emmanuel Macron, en particulier la réforme des retraites et la loi de bioéthique. Et puis, qui politiquement pouvait vraiment reprendre la tête des listes LREM aux municipales à Paris, à part elle-même ?
Revenue à son métier d'origine, Agnès Buzyn sera très utile à ce nouveau poste de coordinatrice mondiale de la santé, car c'est un peu cela qu'on lui demande, et elle a du pain sur la planche. Ah, je termine sur une remarque. Elle a 58 ans, elle a encore du service à donner aux gens, elle a encore à apporter au monde. Quel que soit le nouvel emploi qu'elle aurait eu, on aurait parlé de "recasage". On l'aurait dit pour Universcience si cela avait abouti. Pourtant, trouveriez-vous normal qu'à 58 ans, elle ne puisse plus continuer sa vie professionnelle ? C'est vrai, beaucoup de salariés ou d'anciens salariés sont obligés d'interrompre leur carrière aussi tôt pour diverses raisons (chômage, préretraite, plans sociaux, etc.), mais elle, heureusement, elle a la possibilité de poursuivre et de donner encore d'elle-même avant de prendre sa retraite.
Pourquoi critiquer cette opportunité qu'elle a su saisir, sinon par jalousie ? Que les vecteurs de l'anti-France se posent bien cette question, avant de verser leur bile sur cette dame qui fait aujourd'hui l'honneur de la France dans le monde. Félicitations, madame Buzyn, et tous mes vœux vous accompagnent dans cette mission aussi ambitieuse que périlleuse, vive la France !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (05 janvier 2021)
http://www.rakotoarison.eu
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