Traduction du témoignage d'un journaliste au coeur de l'action, Aymann Ismail.
Quand Donald Trump a parlé mercredi devant des supporteurs, il disait soudainement ceci: "We're going to walk down Pennsylvania Avenue, (pause) Boy I always loved Pennsylvania Avenue, and we're going to the Capitol". C'était le coup d'envoi. Ils n'ont pas attendu. Ils ont commencé à marcher en direction du Capitole tout de suite.
Bien que Trump continuait de parler, je les regardais partir en petites grappes. Un peu au début, puis très vite, des centaines. Un homme m'a regardé, a pris une photo et m'a dit "It's almost over. We have to get to the Capitol!".
Ils se sont déplacés rapidement. Le ton était léger, plus tôt en journée. Comme si on se rendait à un Donald Trump Comic-con. Mais il s'est vite assombri. Avec des bannières scandant "GOD! GUNS! GUTS! GLORY!", les protestataires-je les appelais encore alors ce qu'ils étaient, des protestataires-criaient contre les contre-protestataires le long des rues, les traitant de tricheurs, et chantant de manière robotique "TRUMP WON! TRUMP WON!".
Maintenant plus près des marches du Capitole, l'excitation se faisait sentir. Des marcheurs avaient pénétré les lieux. C'est ce que les gens disaient. Je n'étais pas certain d'y croire. Mais en m'approchant davantage, je pouvais voir des gens arracher une porte et d'autres briser des fenêtres et y entrer. Le temps que je m'approche de la porte, celle-ci avait été refermée. J'étais au coeur d'un groupe qui voulait forcer son entrée au Capitole.
Il y avait bien quelques policiers sur place, mais vraiment pas assez. Très près de la porte, je me suis identifié comme membre des médias. Un policier s'est servi de mon corps comme bouclier afin de pousser les gens derrière qui insistaient pour vouloir entrer. J'ai entendu un des policiers dire "The best we can do is to slow them down". J'ai roulé autour d'eux et me suit fait un chemin à l'intérieur.
À l'intérieur, je ne voyais plus aucun policier. Alors que "Don't Stop Believin'" de Journey commençait à se faire entendre d'un système de son quelque part, les gens qui avaient envahit les lieux se sont mis à chanter plus fort "USA! USA!". Un homme a hurlé quelque chose à propos de la constitution. À l'entrée, le désordre était total. Les protestataires devenus émeutiers, devenus briseurs, cassaient les vitres pour entrer au Capitole. Du bois brisé était empilé ici et là. Il y avait destruction de matériel. J'ai vu un homme dans une salle de conférence, les deux pieds sur la table, fumant du pot. Quand nos regards se sont croisés, il m'en a offert.
Dans une autre pièce, les gens saccageaint les lieux, brisaient les meubles, volaient, collaient des collants comprenant des slogans comme "Trump Won!" ou "Our House!". Plusieurs m'ont demandé de les prendre en photo. Un homme s'est assis à un des bureaux, s'est poussé le dos sur le siège et a placé ses pieds sur le dessus du bureau avant de dire "Yeah, this is my desk. I paid for this".
À un certain moment je suis pas mal certain de reconnaître Gavin McInnes, le fondateur des proud boys, circulant dans un costume militaire. D'autres l'ont aussi reconnu murmurant "Hey! it's Gavin!". Peu de temps après "boogaloo boy" qui ne voulait pas s'identifier autrement, m'a crié des choses sur les devises Étatsuniennes et le réserve fédérale.
C'était étourdissant, c'était le chaos. Tout le monde était surexcité. Les gens chantaient "This is our America!" et posait la question "Who's house?" ce à quoi ça répondait "our house!". Ils avaient du plaisir. Ils s'amusaient. La priorité semblaient être de se faire prendre en photo ou de prendre des autoportraits dans le Capitole.
Les gens à qui j'ai parlé ne semblaient pas comprendre la gravité de leurs gestes. À l'intérieur d'un édifice dont ils avaient forcé l'entrée, ils se décrivaient comme "pacifiques". J'ai parlé à un jeune de la Floride de peut-être 17 pu 18 ans. Il m'a dit que ce n'était rien par rapport à ce que les antifa faisaient. Je lui ai pointé les gens qui brisaient la vitre. Il m'a dit "oui, mais au moins, ils ne détruisent rien (!?!)" . Je lui ai montré des photos de choses détruites dans le Capitole. Rien n'a semblé se rendre à son cerveau. Une femme tenait une pancarte disant que si ils étaient gauchistes, ils seraient des émeutiers.
Parmi le "fun" il y avait de très agressifs émeutiers. Les gens hurlaient "FAKE NEWS!" et attaquaient les journalistes. J'ai vu un groupe de gens encercler une journaliste qui avait un accent en lui criant "GET OUT OF MY COUNTRY!" . Je m'en suis tiré avec seulement une femme furieuse que je la prenne en photo. J'ai appris plus tard qu'une femme avait été tuée, puis, qu'il y avait eu trois autres morts, mais je n'était pas près de ces endroits. N'ai rien vu.
Éventuellement, j'ai pu voir des policiers à l'intérieur. Ils semblaient attendre des ordres. J'ai été à de nombreuses manifestations dans la dernière année et laissez-moi vous dire qu'il n'attendent généralement aucun ordre avant d'intervenir. Je n'avais jamais vu quelque chose du genre. Un gars fumait une cigarette et un policier s'est rendu calmement à lui, lui a mis une main sur l'épaule et lui a demandé d'éteindre. Ce qu'il a fait.
Le mot d'ordre a dû se rendre, les policiers ont commencé à se servir de leurs bâtons et leurs boucliers pour disperser les gens et les forcer à sortir. Ils ont poivré les gens. Dehors, le contrôle semblait revenir aux autorités qui se servaient de grenades et de gaz lacrymogène. À l'intérieur du Capitole, une bonbonne d'extincteur de fumée était en fait pleine de poivre de cayenne et explosait afin de forcer les gens hors du Capitole. Les émeutiers se servaient de clôtures de métal pour tout détruire, faire leur chemin ou s'en servir de brancard pour les blessés. Leur mot d'ordre à eux semblait être "détruire".
Dehors, les gens étaient braqués contre les policiers et les haranguaient. Ils les traitaient de traitres et leur disait qu'il s avaient leur soutien, qu'ils étaient des leurs. Mais les policiers restaient solennels dans leur costume de protection, derrière leurs boucliers.
J'ai entendu d'un collègue qu'il était aussi sur place et était déplacé afin de faciliter l'évacuation. J'ai compris que je devais faire de même et comme beaucoup d'émeutiers, je suis sorti calmement. Sans soucis, Sans que personne n'intervienne, ni ne me guide. Comme un touriste. Un homme pissait contre le capitole. Un policier l'a poivré.
J'ai ensuite vu une grenade exploser et j'ai compris qu'on fermait les lieux pour vrai pour quiconque n'y avait pas affaire.
Fallait l'arrêter à "Grab'em by the pussy"...