La Galerie Jeanne Bucher Jaeger, à Paris, dans le Marais, accueille une belle exposition monographique de Mark Tobey. Jusqu’au 12 février 2021.
Mark Tobey (1890-1976) n’est pas aussi connu que Pollock ou Rothko, pionniers comme lui de l’art américain abstrait. Mais Paris, par cette rétrospective de la Galerie J.Bucher Jaeger, va vous permettre de combler (peut-être) une lacune.
Est-ce le fait que les rues de Paris étaient grises, grises, grises (dans tous les sens du terme) lors de ma visite à cette exposition « TOBEY ou not to be? »…. que j’ai tant apprécié de me retrouver happée par ces toiles?? Entraînée, ensorcelée…
Ce sont de petits et modestes formats. La plupart du temps peints à la tempera (peinture à l’œuf), belle matière dense et brillante. Et ce sont des tourbillons, des fourmillements, des émiettements, des circonvolutions, des enchevêtrements, des réseaux, des entrelacs … Qui occupent tout le champ pictural.
J’écarte vite l’impression de griffonnage frénétique et obsessionnel (que j’ai déjà vu en art brut). Je sens des signes et des lignes que je dois suivre. Je sens une effervescence inouïe de possibles. Je pénètre dans cette réalité intérieure qui s’offre à moi. Je m’approche des toiles. Je recule. M’avance à nouveau. Des puits de lumière, au milieu de ces chaos apparents, m’apparaissent enfin. Des soleils blancs. Et je sens le « souffle »! L’énergie! Le Qi chinois!
Et je vois ces peintures faites dans un grand mouvement libérateur et créateur. On est à la fois dans l’infiniment petit et l’infiniment grand. Les centaines de mini fragments qui couvrent les toiles de Tobey, et qui tournent jusqu’au vertige dans l’espace pictural, sont autant d’éléments qui n’attendent qu’à être rassemblés, réunis en UN TOUT. Comme l’univers avant la Création! Plein de morceaux prêts à être mis en ordre, en place, en forme…
Mark Tobey, pour tout vous dire, a étudié les écritures arabes et perses. Il a été initié à la calligraphie chinoise. Il a séjourné en monastère à Kyoto. Il s’est converti à la religion Bahaï.
Voilà! Un grand peintre. Mais si simple. Si humble. Si libre, aussi. Et qui a su utiliser l’art, pour dire les choses indicibles. (principale mission de l’art, me direz-vous!)
François Mathey dit de la peinture de Tobey qu’ elle « exprime son souci de révéler la structure profonde des choses ».
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