Le 16 décembre dernier, le conseil des ministres de l’Union Européenne a pris de nouvelles mesures de restriction pour la pêche professionnelle, dans le cadre du plan de gestion concernant la méditerranée occidentale.
20 jours de pêche en moins pour la pêche au chalut, c’est une mesure qui pose tout simplement l’existence même de la pêche chalutière, qui représente 80% des apports en criée. Sans criée, il n’y a plus l’outil de vente pour une large partie des petits métiers, c’est toute la filière qui est frappée. Seule la polyvalence des métiers sur notre littoral permet de préserver l’ensemble des métiers.
Les auteurs de cette décision ignorent les efforts de réduction de pêche déjà prises ces dernières années (en 20 ans le port de Sète est passé de 40 à 18 chalutiers et les jours de pêche autorisés ont déjà été fortement réduits). Ils ignorent tout autant les mesures spécifiques à la pêche méditerranéenne française découlant des règlements prudhommaux, où depuis fort longtemps les pêcheurs se sont interdits les marées, en diminuant le temps de pêche réduit à quelques heures par jour, sans sortir ni le samedi, ni le dimanche.
La pêche durable pour tous les segments.de pêche à des longueurs d’avance sur le littoral méditerranéen par rapport aux autres façades maritimes.
L’ensemble de ces éléments sont archi connus, la spécificité méditerranéenne de la façade maritime du Golfe du Lion, défendue depuis des décennies par les instances professionnelles, n’est pas reconnue depuis plus de 30 ans par les gouvernements français et par les instances européennes.
C’est bien une question de choix politique et du poids des lobbies, préservant les intérêts de l’agroalimentaire des armateurs de la grande pêche hauturière, possédant tous les leviers de la pêche, de la transformation et de la commercialisation.
Alors que la protection de la ressource est l’argument avancé par l’Europe, force est de constater que seule la pêche artisanale côtière est frappée par les mesures de restriction, pendant ce temps les bateaux armés par Intermarché et d’autres continuent d’exploiter sans contrainte sur toutes les mers du globe. Pendant ce temps, l’agroalimentaire développe l’élevage intensif dont on connait l’impact désastreux sur l’environnement marin.
Non les vingt jours de pêche en moins en 2021 pour les pêcheurs méditerranéens ne sont pas un moindre mal, c’’est la corde qui soutient le pendu.
L’invitation adressée par Carole Delga, Présidente de la Région, au Ministre de la Mer à travailler ensemble sur un nouveau modèle de la filière de la pêche en Occitanie, permettrait de prendre en compte la spécificité de la gestion de la ressource et des pratiques de pêche sur notre littoral.
Mais cela implique que la France décide de son autonomie pour gérer ses façades maritimes, et ça c’est un choix politique.
François Liberti