Cette abbaye située dans l’Yonne appartient en effet à la région depuis 2003, elle la met en vente en raison de coûts d'entretien trop élevés, 200.000€ annuels. Elle fut fondée en 1114 par un compagnon de saint Bernard qui avait accueilli trois prélats anglais réfugiés en France, dont Thomas Becket entre 1164 et 1166.
Cet ensemble de 9 hectares d'espaces verts et 5 000 m2 de bâtiments autour de l'église abbatiale devrait être transformé en complexe culturel et touristique, centre d'art contemporain entouré d'un complexe hôtelier de luxe, restaurant gastronomique, salles de conférences et d'expositions, librairie, et musée d'histoire religieuse et viticole. Ceci à la grande satisfaction du maire de Pontigny, Emmanuel Maufroy, qui déclare "Si ce projet se met en place dans quelques années, on ne reconnaîtra plus notre village. L'ambition de Monsieur Schneider c'est qu'il y ait 1.000 visiteurs par jour qui viennent visiter le site".
La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre fondée en 1988 par d'anciens membres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, était aussi candidate à cet achat et proposait même un prix plus élevé soit 2.100.000€ au lieu des 1.800.000€, évaluation des services de la direction immobilière de l’État. La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre souhaitait y installer un séminaire. Cette affaire de la vente de l’abbaye de Pontigny aurait pu passer inaperçue, il doit y en avoir souvent de semblables, mais celle-ci a retenu notre attention car même s’il n’y fut pas fait allusion lors des discussions, cette abbaye de Pontigny a été liée à un moment de la littérature française du premier tiers du XXe siècle.
En 1906, lors de de la laïcisation des biens de l’Église, Paul Desjardins professeur et journaliste acquiert cette ancienne abbaye cistercienne pour 61.700 Francs soit environ 21.164€. Elle avait été vendue en 1793 et fut rachetée en 1840 par l’Église qui la confia à la congrégation des Pères de Saint-Edme. En 1906, l’ensemble se composait de plusieurs bâtiments, dont un grand logis du XIIe siècle avec un vaste réfectoire et plusieurs pièces à l’étage. Le couple Desjardins se lance alors dans des travaux qui le conduisent presque à la ruine. Il leur faut donc se renflouer et trouver un moyen de réaliser leur projet qui est d’organiser des réunions. Ce seront les Décades de Pontigny. Les Desjardins sont très attachés à ce lieu pour sa beauté mais aussi par le souvenir d’un de leurs enfants, mort à huit ans en bordure du cours d’eau, le Serein, affluent de la rive droite de l’Yonne qui longe l’abbaye. Cette idée de fonder un foyer où des groupes pourraient se retrouver périodiquement est dans l’air à l’époque; dans le contexte de la vie intellectuelle, postérieure à l’Affaire Dreyfus.
La première Décade de Pontigny s’ouvrit le 31 juillet 1910 et était consacrée au "sentiment de la justice". Paul Desjardins avait conçu un livret-programme à l’intention des participants. On en avait prévu 24 par Décade. Le programme était ainsi fixé: 8 à 9 h, petit-déjeuner; midi, repas; 14 à 15 h 30, entretien; 16 h 30, goûter; 17 à 19 h, promenade; 19 h 30, repas. Deux prix étaient proposés, 150 et 100 francs, soit 53 et 35€. Dans chaque Décade, 2 à 3 personnes étaient invitées.
Les Décades de Pontigny se sont tenues de 1910 à 1914, puis de 1922 à 1939, à raison de dix journées, chaque année. De nombreuses personnalités, écrivains, universitaires ou scientifiques intervenaient sur des sujets littéraires, philosophiques ou religieux. On y traitait du droit des peuples, de l’éducation et du travail, de tel nouveau courant littéraire, de la place de la religion dans la vie du monde, de la pensée française, de l'Europe entre autres. On pouvait y entendre notamment André Gide, Roger Martin du Gard, André Maurois, Ramon Fernandez, François Mauriac, Marc Allégret, Antoine de Saint-Exupéry, André et Clara Malraux, Raymond Aron, Gaston Bachelard ou Jean-Paul Sartre.
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