Gabriel Nigond : Claudine. La Berthenoux,Versant Libre, Collection Flotille, 32 p., avec un portrait photographique, juin 2008. Postface et bibliographie par Èric Dussert. 6,50 euros
Livrenblog se penche depuis plus d'un an et demi sur la petite histoire littéraire, scrutant surtout les méconnus, les inconnus, les négligés, voir les méprisés, les mal lu, les pas lu du tout, abordant les plus glorieux par la bande : réactions dans la presse, caricatures, portraits oubliés, traquant leurs présence dans le roman, la satyre ou la presse. Je ne pouvait donc passer à côté de cette Claudine, aux charmes surannés, et de l'exhumation de son auteur, Gabriel Nigond. Qu'il suffise de dire que nous devons cette mise en lumière au spécialiste du genre, Eric Dussert, par ailleurs Préfet Maritime d'un Alamblog, distillant quasi quotidiennement informations, documents et conseils de lectures.
Claudine est un poème, en alexandrin, un poème tout simple, pour une simple servante, une pauvre femme au service de son curé, lavant le linge, gardant les bêtes, cueillant des pommes pour son évêque, une pauvre servante satisfaite de son sort, n'imaginant pas d'au-delà à son univers en dehors de celui promis par monsieur le curé auprès du bon dieu. Claudine est usée, elle va mourir et Nigond, simplement, sans sensiblerie, avec tendresse, nous fait assister à ses dernières heures, à cette mort acceptée, comme fut acceptée la vie. Claudine est un corps qui change, vieillit et s'efface, dans un milieux où rien ne change, ou la nature chaque saison, renaît.
Gabriel Nigond est l'auteur des Contes de la Limousine, voilà qui suffit à le classer « écrivain régionaliste », originaire du pays de Georges Sand et Maurice Rollinat, écrivant deux volumes en langue populaire, il n'en fallait pas plus pour que l'histoire littéraire ne garde de lui et de son oeuvre que cet aspect. Il fut pourtant un auteur dont l'oeuvre dépasse de beaucoup ce champ littéraire. La bibliographie figurant à la fin du volume nous en convainc aisément. Pour les plus méfiants, la postface d'Eric Dussert, relevant l'amitié qu'il portait à Marcel Schwob, ses pièces pour le théâtre Antoine, ses poèmes « délicats, emphatiques et doux », confirmera que Gabriel Nigond mérite bien que l'on s'attarde sur son oeuvre. Les promesses de recherches à venir, sur la vie de Nigond, sont d'autant plus alléchantes lorsque l'on sait que Gabriel fréquentait les frères Des Gachons (André, Jacques et Pierre de Querlon) ou Maurice Rollinat.
À paraître, du même auteur : M'sieu Déhaume.
VERSANT LIBRE
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