A l’asile, il ne faut jamais dire qu’on se sent mal, même si le corps est à bout, il faut se taire. Toute démonstration de malaise peut justifier une reconduction de peine. Chaque acte, chaque attitude peut dénoncer quelque chose. On ne vous soigne pas. (…) Que peuvent donc faire les gens enfermés ici, sinon passer l’intégralité de leur temps libre à échafauder des stratagèmes pour mettre fin à leurs jours ?
Marius est alcoolique. Un jour il est conduit aux urgences par son frère et va être interné. Une introduction troublante tant elle laisse à penser qu’il n’a pas été vraiment expliqué à son frère les conséquences de son accord pour cette hospitalisation et le fait qu’ensuite il ne sera plus décisionnaire de rien.
Marius se réveil à Saint-Anne, dans l’incompréhension. Il est alcoolique mais pas fou, il a bu beaucoup trop oui, a surement fait un black-out, mais pourquoi est-il attaché à son lit ?
Ce livre est le témoignage d’une expérience vécue, il est donc écrit de l’unique point de vu de Marius et n’a pas vocation à refléter la réalité, la complexité, les tenants d’un service de psychiatrie. De fait le personnel médical, l’institution sont vus comme un système dont les internés sont des victimes.
Ce livre nous narre l’incompréhension, la colère, la perte de contrôle de sa propre vie. Il est en ce sens glaçant de découvrir ce lieu, dans la ville mais complètement hors du temps où se croisent des prisonniers sans numéro d’écrou. Ce lieu où votre date de sortie dépend d’un médecin et d’un juge.
Le fumoir, petit espace où l’on fume, discute, se croise, regarde le temps défiler devient l’unique lieu avec un semblant de normalité. Avec ses personnages amusants, tendres, épuisants, certains de passage d’autre dont l’asile semble aussi bien le passé que l’avenir.
Editeur : Editions Anne Carrière
Parution : septembre 2020
Pages : 182
Prix : 17 €