Il faudrait le même silence quand on entre dans le jour et quand on se glisse dans une église. L'oreille est alors une main tendue, un regard qui tâtonne du bout de ses rayons, sur la pointe des sourcils. Cette bulle de présence éclatante est une question lancée à l'espace, la mère de toutes les demandes. Lâcher la pierre dans l'abyme, c'est mettre son âme hors du connu. L'asticot s'étend entre deux brins d'herbe. Il se déploie dans le risque de perdre sa prise et de trouver le vide. Quand le caillou rend un son, fin de l'innocence. Riposte à l'orée de tous les mondes, il inaugure l'inerte, père de la Mort au regard insondable. Un bruit vient alors à la délivrance de l'âme prise à ce piège et la relance dans l'abysse de l'intime inconnue. Tantôt prison, tantôt libération, le son ponctue le silence. Main suspendue à travers la main posée, verte d'avoir été laissée à son hiver. Le commencement rejoint sa fin, la fin engendre une origine nouvelle, l'appel d'un velours rouge prend tous les sons en son sein. Demeure un bourdon bien égal, ligne d'horizon de tous les bruits. Dans ce désert perce les racines du dedans. La vie s'écoule dans le ressac des avances et des replis, pulsation grosse de tout. Le rien seul l'atteint.