Né en juin 1931, à Pontchâteau, Jacquot est l'ainé d'une famille de 3. Il a un frère une soeur. Papa est garagiste, maman coiffeuse occasionnelle. Papa voudrait bien que son plus vieux reprennent le garage, mais Jacquot, bien que formé chaudronnier, s'intéresse très vite au cinéma, dès ses 14 ans. Il se construit des théâtres de marionnettes et la Seconde Guerre Mondiale vient se mettre dans le chemin des projets familiaux. Son tout premier film sera un court film, tourné adolescent, sur un bombardement contre le pont de Mauves.
Il étudie aux Beaux-Arts, tourne quelques courts, et fait son service militaire. Il travaillera pour le cinéaste d'animation Paul Grimault. En animation. Il travaille quelque projets personnels dont un court-métage scénarisé par Jean-Paul Sartre. Mais ça n'aboutit pas. Il versera dans la publicité et le documentaire. Il fait une première ébauche d'un roman qui deviendra Une Chambre en Ville plus de 30 ans plus tard. C'est auteur du scénario du documentaire Sabotier du Val de Loire qu'il se fait une réputation favorable. On le fera assistant cinéaste, puis il aura la mission de tourner le mariage de Grace Kelly et du prince Rainier de Monaco.
Il tourne quelques court-métrage et esquisse un premier scénario pour Un Billet Pour Johannesbourg (qui deviendra Lola).
Il réussit à intéresser le producteur d'À Bout de Souffle de Godard, qui l'aidera à mettre sur pieds son premier film. Comme il est peu connu, le budget reste restreint et il doit sacrifier Jean-Louis Trintignant, trois jours avant le tournage et le remplacer par Marc Michel. Démy travaille avec Michel Legrand pour la première fois. Il sera appelé à participer au film des Sept Pêchés Capitaux, avec Vadim, Chabrol, Godard et de Broca, entre autre, sous le thème de la luxure.
La cinéaste Agnès Varda et lui tombent amoureux et s'épousent. Ils auront ensemble un garçon, Mathieu, et Jacques adoptera la fille de Varda, issue de d'une relation précédente. Celle-ci sera même, dans le futur, costumière pour Démy et sa mère. Mathieu, acteur, scénariste, réalisateur et producteur.
Démy peaufine son scénario pour Les Parapluies de Cherbourg, intéresse une productrice mais l'argent ne vient pas tout de suite. Suite à un séjour au Festival de Cannes, Démy est inspiré pour tourner un film sur le jeu. Jeanne Moreau l'aidera de son salaire et de sa présence dans le film qui suivra.
C'est en blondissant Catherine Deneuve (qui le restera la majeure partie de sa vie) et en faisant chanter tout le monde dans la comédie musicale Les Parapluies de Cherbourg, sur la musique de Michel Legrand que Jacques Démy devient internationalement populaire. Le film est récompensé de la Palme d'Or au Festival de Cannes, franchi le million d'entrées en France et est salué d'une nomination aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Au Japon, le film est un aussi gros succès. Dans la narration, Démy fait un clin d'oeil à son film Lola.
Pour son effort suivant, on attire des intérêts des États-Unis, Gene Kelly et George Chakiris participeront au tournage. Les soeurs Dorléac sont les stars du film, la musique de Michel Legrand, encore aussi, et des chorégraphies de Norman Maen (sauf celles de Kelly qui improvise les siennes). La comédie musicale sera un autre grand succès.
S'étant rendu deux fois aux États-Unis, en raison de sa nomination aux Oscars, entre autre, Démy fait la rencontre d'un producteur qui reviendra dans sa vie quand Démy est invité au Festival du Film de San Francisco. Démy tombe amoureux des États-Unis et y habitera deux ans. C'est là qu'il tourne son prochain film, son premier en anglais. Model Shop. Démy y fait encore des clins d'oeil à ses films passés, utilisant Anouk Aimée à nouveau dans la peau de Lola, dans ce qu'il considère comme sa trilogie Lola/Parapluies/Model Shop. Un jeune Harrison Ford est prévu pour le rôle principal masculin, mais comme il est jugé trop peu connu par les producteurs, on impose Gary Lockwood, récemment découvert par 2001: A Space Odyssey.
Mais le film sera mal distribué et plus ou moins bien compris. Il ne sera jamais doublé en France, donc jamais vraiment joué en Europe. Malgré l'échec, on lui propose de tourner Spring Rain (qui sera retitré) avec Ingrid Bergman et Anthony Quinn, mais il préfère retourner en France, sécnariser et tourner Peau D'Âne. Toujours musicalement guidé par Michel Legrand. Influencé par ce qu'il a vu aux États-Unis, le pop-art, entre autre chose, Démoy tourne avec beaucoup de couleurs.
Les années 70 seront dures pour Démy. Le scénario retravaillé pour Une Chambre en Ville est prêt, mais non seulement Michel Legrand ne veut pas travailler dessus, mais les fonds de productions ne font pas confiance à l'idée non plus. La maison de production a aussi subi une série d'échecs qui l'empêche d'investir sur du non-garantie de succès. Démy fignole des scénarios qui ne verront le jour que beaucoup plus tard. Démy tourne en Angleterre avec Donovan, Jack Wild, Donald Pleasance et John Hurt, une adaptation la légende du joueur de flûte de Hamelin.
Un film réunissant Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni ne parvient pas à gagner ni public, ni critiques. On veut suivre l'exemple d'Akira Kurosawa tournant en sol soviétique, mais le projet, très entamé, avorte. En revanche, se rendant au Japon, il est est vénéré, il y tourne une adaptation de manga japonais et l'intègre à une intrigue de la Révolution Française.
Dans les jeunes années 80, il tourne des pubs pour la télé et accepte des commandes gouvernementales, adapte Collette pour la télé, puis met finalement en branle son projet d'Une Chambre en Ville. Pour lequel Legrand ne veut toujours pas travailler, ne croyant pas en la chose. Michel Colombier en fera la musique. Mais la réception sera chaotique, la critique remettant son propre rôle en question, l'importance qu'on accorde à Démy en question, bref, c'est pas tellement ce dont on a envie de jaser quand on fait une proposition artistique.
Le film suivant est tourné avec l'entente qu'il doit être présenté au Festival de Cannes, décision fatale, car, puisqu'on prend du retard, on précipite la fin du tournage et le résultat sera une telle catastrophe que Démy lui-même ne le comptera pas dans sa filmographie.
Trois Places Pour le 26 et La Table Tournante, un retour à l'animation, projet rétrospective des films d'animation avec Paul Grimault, sont ses deux derniers projets à voir le jour, en 1988. De plus en plus hospitalisé, il ne pourra plus tourner.
Il décède de ce qui est d'abord annoncé comme un cancer, à 59 ans, en 1990. Son amoureuse lui consacre un touchant film. Puis deux autres. C'est par le premier de ces films que j'entends parler de Démy pour la toute première fois. À Sherbrooke, où j'y suis étudiant universitaire pour la première fois, et dont j'ai une carte pour voir, à la salle Maurice O'Bready, une série de films, un par semaine, lancés en salle.
J'ai les comédies musicales en horreur, je n'ai donc jamais eu le réflexe de vouloir creuser l'oeuvre de Démy.
Mais j'ai eu envie de voir Lola et Model Shop.
Pas réussi à trouver Lola, mais j'ai adoré Model Shop. Même si scénaristiquement errant, on se sent absolument dans l'esprit peace & love de 1969.
Il sera révélé en 2008 que Démy était plutôt décédé du SIDA.