D'une blancheur immaculée,
La clarté de la lune s'épand au pied de mon lit.
Les yeux ensommeillés,
je l'ai d'abord prise pour une couche de givre sur le sol.
Levant la tête, j'observe la lune ;
baissant les yeux, je pense à mon lointain bercail.
"Si profonde est la forêt" - Anthologie de la poésie des Tang - Préface de Pierre Dhainaut (Ed. Les Deux-Siciles)- traduction Guomei Chen
En recherchant une image pour ce poème, je suis tombé sur celle-ci et elle correspondait au même poème chinois mais avec une traduction différente. Etonnant !
J’ai déjà parlé de Li Baï, ou Li Po (701-762), un des plus grands poètes chinois, qui composa des poèmes avec l’empereur, et aima le vin un peu plus que de raison.
Li Baï voyagea beaucoup, dépensa beaucoup, se maria quatre fois, et eut des amis de tous styles : taoïstes, hauts fonctionnaires, hommes de lettres (comme le poète Du Fu), qui l’admiraient.
Comme la plupart des poètes chinois, il éprouvait une dilection pour la lune. Dans ses Pensées d’une nuit calme, il écrit :
Au pied du lit la lune étend son vif éclat
On croirait presque voir du givre sur la terre
Si je lève les yeux, c’est la lune brillante
Si je baisse les yeux, le pays de mes pères *
Son penchant pour le vin lui valut plusieurs revers de fortune : insolence, querelles, il fut par trois fois chassé de la Cour.
Lorsque le sort cessa vraiment de lui être favorable et qu’il fut condamné à l’exil, il reprit sa vie vagabonde, errant de la maison d’un ami à celle d’un autre, et d’ivresse en ivresse. Son voyage prit fin une nuit qu’il naviguait sur le fleuve Yang Tsé, près de Nankin. On raconte que la lune se reflétait si joliment dans l’eau qu’il voulut l’embrasser, et se noya.
* traduction Florence Hu-Sterk, © Gallimard
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