Je suis celui
d’un seul moment qui durera toute la vie
Eclair, éclat, le miroitement d’un instant
Un ricochet sur une autre peau, le rebond d’un galet qu’emporte
un torrent, le temps des lèvres sur le temps.
Je ne suis rien que la durée insaisissable d’une poussière
Pas de limites sur ce point
Imperceptible, irrécupérable, dans les trombes des Voies lactées
Rien ne me justifie, sinon d’être. Je passe
je reviens et m’efface et je réapparais
toujours le même, un blé venu des sarcophages
né pour ensemencer et faire d’autres grains
du secret qui n’est rien, un homme, une misère…
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Pierre Seghers (1906-1987) – Dis-moi, ma vie (André de Rache, 1972)