Je n'avais jamais visité cette ville, je ne la connaissais que par les images éblouissantes et kitsch qui lui étaient attachées. Je n'aurais pas eu envie d'y passer un week-end, mais l'idée d'y séjourner me séduisait.
À la demande de la fondation, le narrateur va effectivement séjourner dans cette ville pendant quelques mois. Le temps de s'en imprégner, au sens propre et au sens figuré.
La fondation lui a donné pour mission de trier les papiers d'une traductrice pour en dresser l'inventaire. Cette traductrice vient de recevoir un prix pour l'ensemble de sa carrière.
Pour accomplir sa mission, le narrateur s'installe dans une résidence où les conditions sont rudimentaires et qui se trouve sur une île qu'un large canal [sépare] du centre historique.
La traductrice habitait un vieux quartier tout à l'est de ce centre: il prend un bateau pour s'y rendre, non sans s'être muni de la clé que le secrétaire lui a fait parvenir par la poste.
Une fois sur place, il choisit la cuisine pour travailler. Comme il y fait froid, il monte chercher le radiateur d'appoint de la chambre, puis dispose les documents un peu au hasard.
Pendant les premiers temps il ne fait que déplacer des piles de papier d'une pièce à l'autre puis il se lance et esquisse des catégories: manuscrits, imprimés, lettres, photos...
Tout est humide, odorant dans cette histoire: la ville qui s'enfonce, la maison que la traductrice a laissée derrière elle, la chambre dans la résidence où il lit les livres qu'elle a traduits.
Le narrateur a le sentiment de n'avoir rien fait après plusieurs mois passés pourtant à remplir des cartons de déménagement et à dresser un inventaire qu'il enregistre dans un fichier.
La traductrice l'intrigue. Il cherche à se la représenter et, pour ce faire, tente de se mettre à sa place, de comprendre en quoi l'eau omniprésente peut avoir influé sur son existence.
La ville n'est pas seule à être provisoire. Tout le temps qu'il a passé chez la traductrice, tout ce qu'il croit savoir d'elle, tout cela est provisoire. Et peut être rapidement englouti...
Francis Richard
Dans la ville provisoire, Bruno Pellegrino, 128 pages, Zoé (sortie le 7 janvier 2021)
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