Il y a quelques jours, je m'interrogeais sur la valeur de l'investissement socialement responsable (ISR) tel qu'il est proposé par l'industrie financière, laissant ouverte la question subsidiaire : quelles solutions existent pour qui désire sincèrement mettre son argent au service de ses convictions ? ABN AMRO propose désormais une nouvelle option…
Pour les personnes qui ne se satisfont pas d'acquérir, directement ou par l'intermédiaire d'un fonds spécialisé, des parts de sociétés respectueuses de quelques grands principes, le seul moyen de s'assurer que leur épargne sert – sans détours et sans ambiguïté – des objectifs concrets en matière sociale ou environnementale consiste à recourir à ce qu'on appelle, de manière générique, l'investissement à impact (« impact investing », en anglais). Petit problème toutefois, il s'avère peu accessible aux particuliers.
En soi, le concept est simple puisque, en synthèse, il s'agit de contribuer à toutes sortes de projets à vocation explicite de progrès sociétal, sans en négliger le rendement financier. En arrière-plan, une vaste palette d'instruments (classiques) supporte cette vision, depuis le prêt bancaire et l'émission d'obligations, destinés à soutenir une initiative précise, jusqu'à l'apport de capital, à différents niveaux de maturité, à des entreprises dont la mission principale est focalisée sur les critères de développement durable.
Mais comment participer à ce mouvement quand on est un consommateur moyen engagé, voire juste concerné par son empreinte sur la planète ? Pour les plus téméraires et les plus connectés, il est, bien sûr, possible d'investir dans des startups et autres TPE soigneusement sélectionnées sur des critères personnels. Pour les autres, les plates-formes dédiées de financement participatif, telles que LITA.co, constituent une opportunité intéressante, bien que comportant également un risque de perte non négligeable.
Dans un tout autre registre, les géants de la gestion d'actifs (dont une poignée d'entre eux sont d'ailleurs à l'origine de l'idée) développent, depuis une dizaine d'année, des fonds à impact – agrégeant notamment les produits (dont, toujours, des crédits et obligations) qui permettent aux grandes entreprises de financer leurs propres efforts à portée sociale – afin de répondre à la demande des acteurs institutionnels, en forte croissance depuis quelques mois, à la faveur de la crise et de la prise de conscience écologique.
C'est un outil de ce genre que, pour la première fois, ABN AMRO, en partenariat avec Aon Asset Management, distribue auprès des épargnants individuels. Avec son ticket d'entrée minimal fixé à 50 euros, le Global Impact Equity Fund met incontestablement l'investissement à impact à la portée de tous. Il faut cependant tempérer l'enthousiasme, car nous avons ici affaire à une forme intermédiaire du modèle, consistant en un panier d'actions cotées d'entreprises ayant un effet positif quantifié sur la société.
L'initiative représente donc tout au plus une avancée incrémentale par rapport à l'ISR. Elle n'en constitue pas moins une étape importante, dans la mesure où elle marque le début d'une démocratisation qui aura aussi un rôle pédagogique bienvenu parmi le grand public. Car, face aux velléités grandissantes d'une partie de nos concitoyens d'agir pour l'environnement ou pour l'équité sociale, les solutions opérationnelles disponibles restent rares et tendent à se dissoudre dans les dérives et les exagérations marketing.