Il est vrai que les Cassandre nous prévoient un troisième confinement et en effet, le couvre-feu a été revu dans le mauvais sens, dans certains départements. Cela commence mal…
Il semble inutile de faire un concours des années les plus difficiles connues de mémoire d’homme… ou de femme. Peut-on comparer 2020 aux années de guerres mondiales vécues au XXe siècle, pour ne se limiter qu’à ce siècle? Certainement pas. Cela ne veut pas pour autant dire que celle-ci a été facile à vivre. 2020 rappelle seulement que la vie est parfois difficile, surprenante et incompréhensible. Justement, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nos gouvernants ont tenté de nous convaincre non seulement politiquement d’un plus jamais cela mais aussi d’un socialement, nous sommes là. Et justement, alors que les Communistes viennent de commémorer le 100e anniversaire de leur naissance, ceux-là même qui ne veulent pas partager avec le général de Gaulle la création de la Sécurité sociale appelée aussi Assurance vie.
Quand on y pense, assurer la vie, il y a là quelque chose qui tient du ridicule à quoi nous nous sommes laissé prendre. Un reproche que nous ne pouvons faire à personne. Qui n’aurait pas voulu croire à cette quasi-promesse d’immortalité? Le principe d’assurance dans ce cas et en général tient de la vacuité pour ne pas dire de la perversité. Ainsi, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous avons vécu avec ce sentiment que nous étions protégés des affres de ce monde et de notre tour d’ivoire, nous pouvions observer ce qui se passait au-delà des frontières occidentales. Nous ne manquions pas de commenter l’incapacité des autres à se construire un monde identique au nôtre et a contrario leur capacité à se massacrer sauvagement. Nous refusions évidemment d’envisager une quelconque responsabilité de notre part dans cette situation.
Et puis doucement, notre tour d’ivoire s’est effritée, les fondations se sont fragilisées tant sous les coups donnés de l’intérieur que par ceux donnés de l’extérieur. Par ces failles se sont infiltrés ceux qui d’en bas auraient bien aimé jouir de cette tranquillité qu’ils observaient de loin au départ et de plus en plus près grâce aux différentes facettes de la mondialisation.
Aujourd’hui, les maux des autres sont devenus les nôtres. Un problème politique n’est plus géolocalisé, il est mondial et nous concerne tous. Comme les pandémies, elles ne sont pas circonscrites à une certaine zone, mais se propagent dans le monde entier. Par conséquent, ce qui se passe ailleurs nous concerne directement que nous le voulions ou non. Et cette constatation fait naître en nous la conscience que nous ne maîtrisons rien car en effet, comment pourrions-nous avoir un quelconque rôle dans ce qui se passe à des centaines de kilomètres de chez nous alors que nous ne maîtrisions rien et cette année nous l’a prouvé à quelques kilomètres de chez nous.
Bon nombre d’entre nous vivent une vie suspendue, en attendant le retour de ce qu’ils estiment être la normale, alors même que nous ne voyons qu’un brouillard opaque de janvier face à nous. Belle occasion à saisir de savoir ce que nous estimons être la normalité de nos vies. Belles occasions à saisir pour savoir ce que nous voulons vraiment et si nous avons une chance de pouvoir le mettre en place. S’il y a bien un vœu que nous pourrions formuler, c’est bien celui-ci. Profiter de ce temps suspendu, de cette parenthèse mise dans nos vies, pour ne pas laisser les autres continuer à prendre des décisions pour nous, des décisions qui aujourd’hui, sont prises à partir de paradigmes politiques et électoraux, c’est-à-dire médiocres.