Quittant Périgueux vers le nord, le pays est humide et vert, très champêtre avec le glouglou de l’eau dans les lavoirs. Dans une forêt de châtaigniers, au creux d’un vallon près d’une source tranquille, le prieuré de Merlande offre son calcaire frustement taillé et son bestiaire fantastique du 12ème siècle. L’église est un rectangle à nef aux deux travées – c’est une forteresse de la foi, sinon des hommes. Sur les chapiteaux du chœur de la chapelle fortifiée, ce ne sont qu’animaux à la vaste gueule qui se mordent ou grignotent des palmettes. A la fois lions et grenouilles à la croupe puissante et au mufle bestial, ils symbolisent sans doute les terreurs démoniaques du temps, imaginées à partir des morceaux de réalité de cette vie. A l’extérieur, les oiseaux chantent et cela sent bon l’humus. Les rayons d’or du soleil filtrent à travers les longues feuilles dentelées des arbres trapus.
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Par les petites routes tranquilles, nous allons jusqu’au château de Bourdeilles. La forteresse a été cédée aux Anglais par Louis IX (qui deviendra plus tard « saint » Louis) en 1259. Le chroniqueur Brantôme y est né en 1540. Jean Secret, l’auteur du ‘Périgord roman’ chez l’éditeur Zodiaque, en était le conservateur jusqu’en 1981. La partie médiévale a tout pour ravir les jeunes garçons : enceinte quadrangulaire, murs épais de 2m40, aspect massif rassurant, meurtrières étroites suspendues à une dizaine de mètres du sol, ouvertes aux vents, ce qui fait toujours passer un frisson délicieux, haut donjon de pierres claires taillées en gros blocs attestant de la solidité des murailles, surmonté de mâchicoulis.
![Bourdeilles bourdeilles-moulin.1216370536.jpg](http://media.paperblog.fr/i/92/923097/bourdeilles-L-2.jpeg)
Du sommet du donjon, la vue est dégagée sur tous les alentours, ce qui était le but stratégique d’une telle construction. Au pied du château, un petit moulin 17ème sur la rivière Dronne servait à faire de la farine à partir du grain des manants. Sa roue en bois existe toujours mais son toit de tuiles rouges a été refait.
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Un mécène parisien est venu installer ici ses collections Renaissance. Il en a fait don au département à sa mort. Nous pouvons admirer des tapisseries d’Aubusson, un Christ espagnol en bois, des coffres à secret, des meubles « paillards » où le trou de la serrure est sous la jupe d’une femelle de caricature aux seins nus, des tapis perses, du mobilier espagnol de cuir et d’or, un moulin à sel en granit, des coffres en métal pour stocker la poudre, etc. La salle à manger du premier comprend une cheminée du 16ème sculptée de palmettes, une chambre gothique et un salon doré prévu pour une visite que Catherine de Médicis ne fit jamais. La chambre « de Charles Quint » est dans le goût chargé espagnol, fioritures sculptées et or partout. Ce fut une heure de visite passionnante.
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