Aujourd'hui donc, un splendide joyau baroque, haut-baroque même (parfois tardif voire rococo)... enfin du baroque à son apogée, dont beaucoup de personnes (même résidentes) ignorent son existence: l'église "svatého Jana na Skalce" que l'on a traduit en Français par "St Jean (de Népomucène) sur le rocher" ("rocher" en FR se dit "skála" en CZ). Ouais, bôf, c'est pas top parce que "skalka" (amoindrissement de "skála") est un arrêt de tram-bus-métro et une appellation de quartier qui se trouvent à Prague 10, district de "Strašnice" donc rien à voir avec Prague 2 nouvelle ville, et qu'ensuite parce que "skalka" se traduirait en mieux Français par caillasse, rocaille. Et justement de "rocaille" est non seulement issu le rococo (de style rocaille, rococo, développement ultime du baroque), mais également "de rocaille" est le splendide petit jardin (de plantes de rocaille) juste devant notre église dans lequel l'on organise régulièrement des expos-ventes de plantes alpines
(de ch'val). Donc perso, j'utiliserai plutôt l'appellation St Jean sur rocaille, que "sur le rocher". Tiens, en anglais "St John on the rock", comme le Martini, sans dec, ça fait couillon non? Ceci-dit l'église est effectivement posée sur un monticule rocheux, comme en témoignent les escaliers dans la rue "Vyšehradská", mais de là à parler de rocher...
Tout commence en 1691, lorsque sur le versant du coteau de "Skalka" (ben ouais, avant ça s'appelait comme ça, mais plus maintenant, maintenant "Skalka" c'est Prague 10), en plein milieu du vignoble traversé par le chemin "Hradčany - Vyšehrad", le bourgeois "Heger" fit édifier une petite chapelle en bois consacrée à St Jean de Népomucène dont je vous ai parlé en détail dans une précédente publie. Les offices étaient alors assurés de manière extrêmement assidue par les moines du tout proche monastère d'Emmaüs (i.e. "Na Slovanech", publie à viendre. Si vous saviez combien j'en ai en standby sous l'coude...), et pour cause, puisqu'ils pouvaient s'en lichetrogner quelques bonnes goulées d'rouge à la source après l'ite missa est. Le 26 septembre 1723, l'abbé "Václav Vejmluva" du monastère cistercien de "Žďár nad Sázavou" fonda la "confrérie de St Jean" (de Népomucène) à "Žďár nad Sázavou" aussi, où se trouve un autre édifice absolument fabuleux (publie à viendre. Si vous saviez combien...) également consacré à St Jean de Népomucène (sur la montagne verte) que l'on doit à un autre génie architectural également membre de la confrérie de St Jean: Jean-Blaise Santini (parfois suffixé de Aichl ou Aichel) dont je vous ai également parlé en détails dans la même précédente publie (attendez, il arrive le lien avec l'église "Na Skalce"). St Jean de Népomucène fut donc canonisé le 19 mars 1729, et notre confrérie, voulant bien marquer le coup, décida de faire bâtir une autre église puisque les membres avaient trop hâtivement terminé la construction de celle de "Žďár nad Sázavou" (terminée en 1722). Ben oui mais où? "Eh les gars, je connais un coin en plein centre de Prague où qu'les moines vont se murger comme cochon, et c'est déjà de la même marque que l'St Jean..." s'écria un confrère. Et paf, la pose de la première pierre commença en 1730 sur l'emplacement originel de notre chapelle en bois dont il ne reste plus rien. Elle (la pose) se termina en 1739 par la pose de la dernière pierre, et l'architecte responsable de ce pur chef-d'oeuvre ne fut autre que le fabuleux "Kilián Ignác Dientzenhofer". Il s'agit d'un édifice à unique vaisseau posé sur un plan octogonal avec des flancs légèrement concaves. Admirez les 2 tours latérales de 35 m de hauteur orientées en diagonale du fronton, c'est énorme de richesse volumique. Notez la corniche au niveau du tympan créant une séparation horizontale en 2 étages, sous et au-dessus (du tympan). Idem les corniches des tours formant 4 étages dont les 2 derniers semblent être les répliques plus petites posées sur les 2 premiers (étages). L'ensemble donne à cet édifice une impression d'effilement majestueux, de dynamique vers le haut, j'adore. Un élément indissociable de notre église est le double escalier menant de la rue "Vyšehradská" au parvis. Il ne fut terminé qu'en 1776 selon les plans de l'architecte "Antonín Schmidt", et l'on y déposa dessus des statues de saints patrons de Bohême en 1880, oeuvres de "Bernard Seeling" (attique du Rudolfinum, St Pierre et Paul à "Vyšehrad"...) L'intérieur est fabuleux. Rococo selon certains. Au plafond se trouvent d'admirables peintures de 1748 et de "Jan Karel Kovář" (monastères de "Sázava", "Broumov"...) intitulées très simplement "l'apothéose de St Jean de Népomucène". Il y est même peint un peintre qui, à mon avis, ressemble malicieusement à "Petr Jan Brandl". Coïncidence? Une autre splendeur se trouve sur l'autel principal, la statue en bois de St Jean (de Népomucène) de 1682 de "Jan Brokoff" qui servit de modèle pour le bronze du pont Charles (c.f. une précédente publie) qui servit de modèle pour des milliers d'autres statues en royaume de Bohême comme au-delà. Mais n'en oublions pas pour autant les autres sculptures en notre église, tout aussi splendides, oeuvres du prodigieux "Ignác František Platzer", ni les peintures de "Josef Vojtěch Hellich" qu'un site tchèque a bêtement renommé en "Josef Václav Hellich" et qui fut repris sans la moindre vérification sur un site français. Les boules! Quand je vous dis que la toile est pleine d'aberrations.
Sinon information importante, l'entrée par les doubles escaliers de la rue "Vyšehrad" n'est plus, c'est fini, trop dangereux et trop inaccessible pour les p'tits vieux, principaux courtisans de notre fabuleux édifice. Aujourd'hui on y accède par le superbe petit jardin de plantes de rocaille, place Charles ("Karlovo nám."), juste à côté de la maison de Faust. De cette dernière, je vous en avais rapidement soufflé mot dans diverses précédentes publies, mais tiens, vu que j'ai 5 minutes... A l'origine, il s'agit d'un édifice renaissance de la seconde moitié du XVI ème siècle que l'on attribue à un autre génie des plus prolixes, "František Maxmilian Kaňka" (la liste de ses oeuvres est assez succincte sur le site FR, consultez le site CZ plus complet). En 1769, l'architecte du double escalier "Antonín Schmidt" retapa l'édifice pour lui donner l'apparence d'aujourd'hui, en particulier en séparant l'aile arrière vendue à la paroisse St Jean sur rocaille. Mais ce qui est intéressant, ce n'est pas tant l'édifice que les légendes liées à, et comme c'est déjà écrit en français là, ben j'ai même pas besoin de vous les raconter. Hein? Pas terrible? Oui, chuis d'accord, c'est pas terriblement bien raconté, ça manque de fougue, ça manque de verve et d'entrain, ben tiens. Pis ça ne parle même pas d'un des plus importants propriétaires de la maison, maître Edouard Kelley dont je vous ai parlé dans une précédente publie. Et ça ne parle même pas non plus de la famille "Mladota ze Solopysk" qui furent propriétaires à partir de 1721, en particulier du fameux "Ferdinand Antonín Mladota ze Solopysk" qui vivait notoirement en concubinage avec 3 femmes et qui se livrait en la maison à la chimie, à l'alchimie et à la fornication ininterrompue grâce à l'efficacité de petites pilules bleues de son invention patentées sous label "viagrex: pro magnus erexit insquequo roupettonis omnino vacua sunt" :-) Rien non plus toujours sur son fils "Josef Petr Mladota ze Solopysk" qui s'intéressait tout particulièrement à la mécanique instrumentale et qui découvrit une veine d'ardoise (schiste, roche) sous la maison alors qu'il creusait un trou dans le sol de la cave afin de perfectionner son modèle de pioche à vapeur et grâce à laquelle (veine d'ardoise) il fabriqua des crèmes, huiles, sels et eaux curatives contre les maladies dermatologiques anales et les rhumatismes subcarpatiques. Rien encore non plus sur le vicaire thanatophile (maniaque fasciné par la mort?) "Karl Jaenig" qui dormait dans un cercueil, possédaient nombreux artéfacts macabres (potence en état de marche, crâne de décapité...) et posa sur son testament sa dernière volonté d'être enterré à l'envers, le ventre en bas. Et enfin rien toujours non plus encore sur les sept squelettes de chats emmurés dans la profondeur d'un mur de la chambre à coucher de la belle-mère, découverts (les squelettes) lors de la pose du câble téléphonique, et dont la fonction échappe encore aux historiens comme aux agents de la compagnie de téléphone. A moins que... Lorsque les Zétazuniens sont venus bombarder Prague en fin de matinée de la St Valentin 1945 au motif inepte qu'ils l'auraient confondue avec Dresde (déjà en feu, bien visible à 120 km à vol de piaf au Nord-Ouest de Prague alors intacte), une des bombes tomba sur la maison de Faust, traversa la maison du toit jusqu'à la cave mais n'explosa pas. Est-ce que les 7 squelettes auraient servi d'amulette? Ce qui est sûr, c'est que le monastère d'Emmaüs (ainsi que d'autres édifices et plusieurs centaines de civils, dont "Eva Lada", la fille du fameux illustrateur "Josef Lada") n'eut pas cette chance, et l'on dut après la guerre lui fournir une nouvelle façade et un nouveau toit. Alors que s'il avait contenu 7 squelettes de chats emmurés dans la profondeur... qui sait? Sinon rapidement, le bombardement de Prague en 1945 par les Ricains reste encore un sujet de polémique. En effet, 60 ans plus tard on ne sait toujours pas s'il s'agissait d'une erreur de navigation (vent fort et instruments H.S.), d'un problème météo (tapis de nuages), d'une volonté délibérée (demandez à l'imbécile de la maison blanche) ou n'importe quoi d'autre (brouillage spatio-temporelle extraterrestre). Il existe de nombreuses hypothèses, mais comme toujours avec les Zétazuniens, la vérité est ailleurs.
Et pour terminer, quelques infos diverses